samedi 16 février 2013

Casting Crème Gloss 656 Cranberry

Un beau matin j'ai eu envie de me teindre les cheveux en rouge. Moi qui met un point d'honneur depuis des années à ne pas me les colorer, parce que d'abord ma couleur naturelle est jolie (châtain foncé, un peu plus clair par endroits), ensuite parce que pour le travail (même si j'en ai plus et ne semble pas pressée d'en trouver) c'est mieux de garder sa couleur naturelle plutôt que de trouver le temps d'entretenir une couleur. De plus les patrons n'aiment pas ça et font des histoires. Et puis surtout, depuis que j'ai finis rousse et les cheveux bousillés quand j'avais 15 ans, j'ai plus jamais voulu. J'avais fait chocolat, c'était beau une semaine, et puis ça a vite dégorgé et j'ai eu des reflets roux pendant des années. Et au collège et lycée il en fallait peu pour être qualifiée de rousse. En fait j'aurais pu corriger ça facilement mais quand on a 15 ans c'est les parents qui banquent, j'allais pas leur demander d'entretenir ma couleur tous les mois.

Bref. Voilà qu'il y a quelques jours il me prend cette envie de cheveux rouges, va savoir pourquoi. Je vais aussitôt à Carrefour pour trouver une couleur semi-permanente, c'est à dire sans ammoniac et qui me permettra de retrouver ma couleur naturelle au bout d'un temps, et surtout de me rattraper si je fais de la merde, sans abîmer les cheveux.

Donc j'ai opté pour Casting Crème Gloss numéro 656. Couleur cranberry. Sur la photo c'est rouge mais pas flamboyant. Pas à la Mylène Farmer ou Rihanna. J'ai pensé que c'était exactement la couleur que je voulais. Pour 11€ c'était intéressant.

Je me suis très facilement tartiné la tête avec la préparation hier. La couleur + le lait révélateur. On mélange tout dans le tube de lait révélateur, on agite fort et on peut commencer les racines puis les longueurs. Au début on est assez consciencieux, après on y va un peu à la barbare, on se malaxe toute la tête; il y a écrit d'utiliser impérativement le mélange dans sa totalité, et quand on a les cheveux fins comme moi c'est surprenant. Au bout d'un bon quart d'heure de tartinage et de malaxage très facile de cette crème violette qui ne coule pas et qui a une odeur naturelle, on laisse poser vingt minutes. J'ai laissé vingt-cinq. Puis j'ai rincé dans la douche à l'eau tiède. C'était violet partout. J'ai eu peur d'être tombée sur le paquet qui a un défaut, style l'emballage présente le couleur cranberry mais le mélange est violet électrique ou rose fuchsia. Je sais que ça aurait pu m'arriver ce genre de chose.

Les cheveux sont un peu secs mais déjà beaucoup moins qu'avec une coloration avec ammoniac. Et puis quand on passe un peu de soin vendu dans le package, eh bien ils deviennent aussi doux qu'avant la coloration. J'ai été agréablement surprise. Je m'attendais à batailler après essorage, ben pas du tout. Bon je n'ai pas des cheveux de black, loin de là, donc je peux pas promettre que ça fera pareil sur toutes les meufs.

Quand j'ai séché mes cheveux j'ai vu ma nouvelle couleur apparaître. J'ai désormais des cheveux plus foncés qu'auparavant, rouges foncés avec de beaux reflets. Pas de tâches sur les contours du visage. Une couleur uniforme et brillante. J'ai complètement réussi ma couleur, moi qui ne suis pas habile, pas bonne à me coiffer. Les racines sont nickel. Je suis ravie. Le plus dur va être de faire tenir la couleur. Moi qui normalement me lave la tête tous les jours... Je ne l'ai pas fait aujourd'hui c'est déjà un grand pas. Je vais essayer le shampoing sec, ça peut être une bonne alternative à mes lavages incessants. La couleur est sensée tenir 28 lavages mais je n'ai pas envie qu'elle dégorge au bout de deux et que je finisse de nouveau rousse. Je me méfie un peu comme c'est semi-permanent. En même temps si ça doit partir en couille je peux facilement refaire ou changer de couleur, donc je me stress pas trop. Mais c'est vrai que j'aime beaucoup celle-là. Bien sûr le rendu dépend de votre couleur naturelle. Voici le résultat sur moi, ci-dessous, à grande lumière naturelle. Sinon je dois dire que c'est un peu plus bordeaux normalement.

Je recommande cette marque de L'Oréal, malgré qu'elle ne soit ni bio ni vegan à ma connaissance.

Verdict après trois semaines: La couleur est vite passée. Peu de gens ont qualifié mes cheveux de rouge. Certains ont dit "brune aux reflets auburn", d'autres "aubergine"... Au final j'ai désormais les cheveux plus foncés qu'avant, mais c'est pas rouge. J'ai vu une différence seulement une semaine, après on s'y habitue et ça vieillit très vite. Prochaine étape je vais essayer une couleur rouge permanente de Garnier. Je l'ai déjà achetée mais j'attends un peu avant de me lancer.




vendredi 15 février 2013

Un 14 Février

Quand j'étais seule je disais que la Saint Valentin n'était qu'une fête commerciale de merde. Au fond j'espérais toujours recevoir une déclaration d'amour dans ma boîte aux lettres, ou par SMS pour les moins téméraires. Et puis je finissais la journée énervée parce que personne n'avait pensé à moi.

En fait ce genre de Saint Valentin ne s'est produit qu'en 2010 et en 2011. Parce qu'en 2009 j'avais dix-sept ans et j'avais quelqu'un. Mais pas quelqu'un qui faisait des cadeaux. Parce qu'avant il y avait eu Noël et puis mon anniversaire quelques jours plus tard. Déjà je n'avais qu'un cadeau pour faire des économies, alors je vous laisse imaginer que la Saint Valentin passait bien à la trappe. J'ai détesté cette personne avec le recul. S'il pouvait me rembourser tout ce que j'ai claqué pour lui par contre... Ça renflouerait bien les caisses. Enfin bref. Désormais sa mère est morte donc je n'ai plus de haine en moi. (non je déconne j'aurais toujours la haine)

En 2010 j'avais un plan cul mais ce n'est pas avec moi qu'il a passé son 14 février. En 2011 j'étais en Russie depuis plus d'un mois, il devait faire en moyenne -20 et j'espérais que mon plan cul de France m'envoie un mot d'amour. J'espérais aussi qu'on se mette ensemble quand je rentrerai. Il ne m'a écrit que longtemps après et pas pour me déclarer sa flamme. Quand je suis rentrée "au pays", la Saint Valentin était passée et j'ai su qu'il avait une femme depuis longtemps.

En juin 2011 j'étais casée, alors j'ai eu un jour d'amour en 2012 et hier encore. Des diamants bien brillants, et quelques roses. Je lui ai offert son MTT (mobile tout terrain) parce que c'est un enfant qui aime jouer avec une lampe torche et faire tomber son téléphone dans l'eau. Il m'en parlait depuis si longtemps. Il était joyeux d'ouvrir son paquet, et encore plus quand il a découvert l'objet. Celui-ci aussi sera incassable.

J'avais fait des muffins au Boursin un peu trop salés, un gâteau au chocolat et du pudding. Nous avons (enfin) vu Django hier soir au cinéma. À ma grande surprise j'ai beaucoup aimé. C'était une bonne journée sans stress. J'en voudrais plus souvent.

Aujourd'hui il fait froid et venteux, il nous faut de nouveau courir à droite et à gauche. Vivement que je teigne mes cheveux en rouge. Probablement plus tard. Ou demain.

J'ai appris à aimer ce jour particulier.
Grâce à lui en quelques sortes.


vendredi 8 février 2013

Les soirées entre couples

Quand j'avais seize ans il fallait que je négocie pour sortir. Même le mercredi après-midi. Mes parents me faisaient chier à un point inimaginable. J'avais l'impression d'habiter chez un couple de vieux qui n'est plus dans l'air du temps depuis un bail. Pourtant ma mère m'a eu à 23 ans.

Les quelques soirées auxquelles j'ai réussi à participer avant mes dix-neuf ans - c'est à dire en tant qu'enfant célibataire et dépendante de ses vieux - consistaient à se mettre minable, enchaîner les shots de Tequila et finir par vomir par terre ou sur mes pieds. Le tout enfumé d'un bon paquet de clopes (je n'ai jamais trop aimé les joints). Je me levais le lendemain de bonne humeur et le teint frais, avec l'envie de remettre ça très vite.

Aujourd'hui quand je fais une soirée, si c'est entre copines (ça arrive trois fois par an), ça se passe autour d'un verre de vin dégueu ou d'un mojito fraise, à parler de l'opération des nichons. Je fume trois clopes (les premières du mois) et mon ventre se met soudainement à gonfler, à tirer. L'impression qu'un alien va sortir de mon cul, comme ça sans prévenir. J'ai mal, j'aimerais péter un coup pour faire sortir tout cet air mais je suis entourée et même pas sûre d'avoir envie de péter. J'écrase ma troisième clope dégoûtante à la moitié, je me sens lourde. Mon haleine et mon teint s'en souviennent encore le lendemain. Les soirées entre copines ça finit avec mon mec qui se cache quelque part pour espionner et vient me chercher énervé comme un père de famille. Inspection de ma tenue, cris et menaces. L'autre fois j'ai eu droit à "tu ne baiseras plus pendant une semaine".

L'alternative, c'est les soirées entre couples. Mon mec les aime bien parce qu'il n'y a pas les dangers de l'extérieur (des bites quoi). Les soirées entre couples, c'est un couple qui invite dans son appart de fou (c'est à dire pas nous), moi qui ramène des gâteaux, une autre qui apporte une bouteille. En général c'est frites nuggets maison ou coquillettes revisitées. Nous sommes des couples jeunes, je précise, pas de bœuf bourguignon ou de fondue savoyarde. Pas encore.

Bref. Un apéro (pamplemousse pour moi), une clope à la menthe, des chips. À table y'a deux bouteilles de vin. Et pendant que je gobe mes coquillettes revisitées les autres parlent du travail, du loyer et de leur conseiller bancaire. Je prends dix ans dans la gueule.

J'en ai pris au moins vingt ce soir quand un couple s'est ramené avec son bébé. Un bébé de deux mois. Gentil et laid. J'ai pas réussi à m'extasier dessus comme les autres. J'ai pas eu envie de le porter dans mes bras non plus. Encore moins de me projeter à trente ans dans la même situation, avec les gros cuissots, le gros cul et les vergetures au bide. Si en fait je me suis projetée. Je me suis imaginée difforme, fatiguée par les nuits blanches, et à moitié maquillée. J'ai imaginé la gueule de mon gosse, et celle de mon mec qui parlerait comme un adulte, de son conseiller bancaire et du loyer. J'ai imaginé qu'il regarderait d'autres culs (si c'est pas déjà fait), parce que le mien ressemblerait désormais à de la semoule. J'ai imaginé à quoi ressemblerait ma vie, et je me suis demandé à quoi ça servait de se ruiner autant le corps pour donner la vie. Et quelle vie. À quoi ressemblera le monde dans dix ans? Je n'aurais rien à lui apprendre. Les dernières valeurs auront probablement disparues. Je me suis dit que c'était con de faire des gosses, et que je suis trop individualiste pour aimer véritablement quelqu'un et me saigner pour ça: un bout d'humain qui chie à volonté avec une minuscule paire de couilles. Et puis l'idée d'avoir un garçon me terrifie. C'est de la merde les hommes. Je n'ai pas d'amitié pour eux. Ils sont fourbes. J'aurais même pas envie d'éduquer un garçon. Je préfère encore qu'il soit pd.

Malgré la merde dans laquelle venait de se mettre la mère, elle avait l'air épanouie. Tant mieux et heureusement. Elle a commencé à parler de l'accouchement, là j'ai pensé qu'on allait trop loin; le père a suivi, en précisant au passage qu'il ne pourrait pas faire gyneco, même avec des jeunes, pour voir des filles qui sont "pourries de l'intérieur". Je me suis souvenue des cellules pré-cancéreuses dont je ne vous parlerai pas, j'ai imaginé que pour ce con là j'étais un produit toxique à moi toute seule. Un fruit pourri. De l'extérieur ça va encore, mais dedans c'est bon à jeter à la poubelle. J'ai eu envie de crier "mais t'y comprends rien toi feeeerme ta gueuuule!", et puis j'ai pensé qu'on ne se connaissait pas, et que ça faisait trop coupable, et qu'on touchait un sujet sensible. Bref. Je me suis servi un verre de rosé. J'avais envie d'avoir seize ans et de me torcher la gueule à la Tequila.

jeudi 7 février 2013

J'ai testé pour vous... La belle-sœur qui te pète les couilles

La belle-famille, l'épreuve de la rencontre, le stress et les mains moites. Puis les longs repas à parler de boulot (le sujet qui me les casse le plus je crois). Au début il faut être souriant, dire oui à tout, finir l'assiette même si tu n'aimes pas la viande et que tu as envie de gerber. Il faut apporter une bouteille ou un dessert pour faire genre, même s'ils sont milliardaires et se payent des bouteilles cent fois meilleures que les tiennes. Il faut avoir l'air cool et protectrice avec leur fils, éviter de le reprendre ou de gueuler quand il fait des fautes de français ou qu'il s'allume clope sur clope. Les débuts sont pour ainsi dire emmerdants, mais aussi tout plein d'illusions. C'est bien gentil et mignon.

Il faut dire que leur famille, contrairement à la mienne, est grande et unie. Ils se câlinent autour du barbecue, la maman fait des photos pour immortaliser l'instant, les lundis ont des airs de dimanche, et quand on ouvre un pot de Nutella on entend les cris joyeux des enfants. Tout le monde semble bien s'entendre, dans les rires et la joie. C'est un peu "Ma famille d'abord" version blanche.

Chez moi, c'est un peu différent. On est trois. Pas branchés repas de famille ni câlins. On ne fait des photos qu'à Noël; et les dimanches n'ont jamais existé car c'est le plus gros jour de travail. C'est un peu "La famille Addams".

Avec Madame la belle-mère ça s'est toujours bien passé et c'est le plus important je pense. Elle ne se mêle de rien et ne nous les casse pas. En plus elle est fun. Je m'en sors bien.

Au début j'adorais Monsieur. Je ne sais pas pourquoi. Il me paraissait intelligent, mystérieux. Je souriais dès qu'il posait son regard froid sur moi. J'écoutais ses paroles même s'il parle bizarrement et qu'on ne comprend pas toujours. Je pouvais rester bien patiente des heures durant à l'écouter parler travail avec ses fils, même si je ne capte rien. La première fois qu'on s'est rencontrés, à la fin du repas il a dit que j'étais chez moi.

Et puis j'ai changé d'avis au fil du temps. Quand j'ai vu qu'il était lunatique à mort, que c'était blanc un jour et noir le lendemain, que ses conversations étaient toujours les mêmes et qu'on n'avait absolument rien à se dire. Quand j'ai également compri qu'il ne savourait rien dans la vie, pas même le cube de rosé qu'il se cale tous les soirs. J'en ai eu marre de le voir tirer la gueule parce que sa vie n'est dictée que par le travail. Un mec comme lui à un repas de famille, ça plombe l'ambiance.

Mais je crois que l'élément qui a mis un terme à notre bonne entente, c'est quand-même le repas de Noël dernier. Il a fait la gueule du début à la fin. Aucune émotion à l'ouverture de ses cadeaux. Et puis j'ai eu l'impression qu'il s'en est directement pris à moi quand il a critiqué le pain que j'avais apporté (fabriqué par ma famille). J'avais voulu faire goûter des variétés originales. On peut ne pas aimer je veux bien, mais dire du "pain de merde" , "comment on peut manger du pain au charbon c'est dégueulasse", c'était suffisant pour me bloquer définitivement. Ce n'était pas la première fois qu'il critiquait mais le faire au repas de Noël devant dix personnes, il aurait pu éviter. Juste parce que c'est un ignorant qui ne connaît pas la différence entre du charbon et du charbon végétal. Teubé.

À partir de ce soir-là je l'ai pris pour un con. À juste titre. D'ailleurs je n'ai plus jamais rien ramené aux repas. Grand bien me fasse.

Le frère de mon mec est cool. Sa femme et leurs gosses aussi. Par contre sa sœur c'est une autre paire de manches. Venons-en aux faits. Je peux dire qu'elle compense la belle mère sympa qui se tait et fait sa vie. D'abord elle habite en face de chez nous. Du coup je peux croiser sa gueule très souvent. Elle est avec son mari qu'elle connaît depuis un an et demi (hahaha! Oops pardon). Un bouffon qui se la pète et qui connaît tout, qui t'apprend ton métier, qu'importe celui que tu puisses faire. Il ramène tout à lui, j'ai envie de lui mettre des gifles. Il s'est calmé ces temps-ci parce que je pense qu'il nous a justement déjà tout dit. Il a aussi cette tendance de toujours te rappeler qu'il est plus vieux que toi, et que donc il a de l'expérience. Mais bon il n'a que cinq ans de plus. (Je me suis tapé des mecs plus vieux que toi ferme ta gueule va. Petite bite.) Elle? Elle ferme sa bouche et boit ses paroles. Elle a choisi un mec plus jeune. Erreur à ne jamais faire. Idéalement prendre cinq à dix ans de plus.

Donc ils ont leur vie en face de chez nous, se trouvent tous deux très matures et ils s'emmerdent. Je le remarque quand les repas finissent devant la télé sans un mot, quand lui se ramène aux anniversaires des enfants de machin, quand elle nous appelle dès le premier soir de son voyage de noces alors qu'ils sont au restau à l'île Maurice, quand elle prend cinq kilos à peine mariée et se met à suivre des cours de Zumba et a acheté la Wi pour danser en pyjama et pas maquillée.

Alors c'est certain, elle sait tenir une maison et elle cuisine très bien pour une jeune femme. Mais laisse-moi me disputer tous les jours ou presque, faire voler les assiettes à travers notre appartement pourri. Laisse-moi les trois flics devant la porte parce qu'on gueule trop fort, le bordel et les plats ratés plutôt que sa vie de merde. Enfin, chacun ses choix. 

Ce que je pourrais lui reprocher, c'est de se mêler de tout, de parler de scoops, de passer sa vie sur Facebook pour voir ce que sa cousine pense de machin, de vouloir te conseiller quand tu ne demandes rien, de tout examiner quand elle vient chez toi et de faire des commentaires. De mettre des obligations, de se vexer quand tu n'as pas envie de la voir. C'est un tout.

Quand nous étions partis en vacances elle s'est permise de faire du ménage chez nous, de mettre certains trucs où elle voulait. Je n'avais rien demandé. J'en suis venue à me dire qu'elle avait sans doute habitée chez nous. Sérieux elle nous a pris pour deux clodos. Quand je lui ai fait remarqué elle a tourné le truc autrement pour qu'on se dise que c'était pour notre bien. Mais je n'ai rien demandé donc merde. Ça ne se fait pas.

J'ai de la chance d'être tombée dans une belle-famille assez franche, sans demi-mot, où ils se disent oui ou non sans avoir besoin de faire des histoires. Mais elle, c'est une énigme. Je pense que ce n'est pas leur fille.

Je suis dure avec elle qui a toujours un geste gentil. Elle est très serviable, essaie de faire plaisir, aime nous recevoir. Après tout personne n'est parfait, j'ai mes failles aussi et s'il faut elle a aussi un blog où elle me taille en anonyme. Elle pourrait dire que je suis lunatique, rabat joie, plutôt bougonne... C'est peut-être moi la fille de son père, finalement.

lundi 4 février 2013

J'ai testé pour vous... Faire du shopping avec un cas social

Ma cousine éloignée est un cas social. J'ai quand-même passé mon enfance avec elle, c'est pourquoi malgré ses frasques je l'aime bien et ne lui souhaite que du bon. Mais jamais je n'aurais toléré quelqu'un comme elle dans mon cercle d'amis, sans vouloir faire la meuf.

Elle est petite et mince, du haut de ses dix-neuf ans on lui en donne quinze maximum, tant mieux pour elle, je pense qu'elle ne vieillira pas trop. Elle avait à l'origine de beaux cheveux très épais, châtains clairs, avec de belles ondulations. Ils sont devenus tout moches à coups de lisseur et de vieilles extensions blondes, quel dommage. Elle a les traits fins et réguliers, des petits yeux foncés et en amande, la peau claire mais qui bronze facilement. Il y a encore quelques années on nous prenait toujours pour des sœurs. Pourtant nos liens familiaux sont quand-même assez éloignés. Je me suis d'ailleurs posé la question si mon père n'avait pas forniqué avec sa mère un soir d'alcoolisme, il y a vingt ans.

Mentalement, ça se complique. La faute à son patrimoine génétique. On ne peut pas lui jeter la pierre. Ce n'est vraiment pas de sa faute. Ses parents sont déjà atteints, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils fassent un prix nobel. Comme eux, elle s'exprime mal, comme eux, elle est ordinaire. Le problème, c'est qu'elle l'est devenu de plus en plus au fil du temps.

Pourtant à l'époque, elle était première de la classe dans son village. Elle était meilleure que moi en cours. Sa mère était fière. Elle avait redoublé une fois quand elle était petite mais d'après sa famille avait plein de facilités à l'école. Au collège aussi. Ce qui m'a toujours semblé bizarre parce qu'elle était dyslexique, je me demande donc comment pouvait-elle décrocher des 10/10 et des "Très Bien" en dictée. Je n'étais bonne qu'en dictée justement, c'est pourquoi je me permettais de douter. Soit.

Le vrai problème, c'est qu'elle a une famille de fous. La mienne non plus n'est pas très normale mais la sienne... C'est vraiment du lourd. Ils pourraient passer dans Confessions Infimes. Il y a du level. Malheureusement pour elle, les parents sont quand-même la base de la construction de l'enfant. Enfin je pense.

Mercredi après-midi, la semaine dernière, nous nous étions donné rendez-vous dans le centre de Nice pour manger des sushis initialement, puis faire un peu de shopping.

On s'est rejoint dans un magasin de cosmétiques, elle était mignonne et bien habillée. Il aurait juste fallu enlever le rose à lèvres électrique et les lentilles bleues que je mettais aussi à quinze ans mais sûrement pas à vingt.

Premier scandale: elle a voulu se maquiller avec les testeurs, une vendeuse lui explique que ce n'est pas hygiénique. Elle répond. Le patron s'en mêle. Elle finit par gueuler "Ben on va aller à Sephora alors!" et elle part. Je la suis, gênée. Elle traverse au milieu de la voie des tramways sans me calculer, pour entrer dans un magasin de chinois. C'est cool les magasins de chinois... pour trouver quelques fringues de merde à 10€. On aime tous y aller mais personne ne l'avoue. Par contre je n'achèterais ni chaussures, ni bijoux ni sacs chez eux. Non merci.

Bref. Elle choisit ses fringues et se met dans une cabine sans tirer le rideau. Elle les jette par-terre au fur et à mesure et quand la vendeuse lui signale au bout de quinze minutes que quand-même ça ne se fait pas, elle se met à crier "Comment je fais y'a pas de tabouret!". Ce qui était vrai. Mais ce qui ne justifie pas le fait de tout jeter par terre et de laisser quelqu'un ramasser. Je voyais la chinoise exaspérée par son attitude. Quant à moi j'ai fait un tour rapide mais rien ne m'a séduit. Elle ne m'a jamais demandé mon avis. Elle est sortie environ une heure plus tard du magasin après avoir fait un show. Elle avait un budget de 100€ et venait d'en claquer 110 rien que dans un magasin de chinois. Je me suis dit qu'elle était juste immature.

Au restaurant de sushis j'ai eu honte aussi. Elle parlait mal au serveur, lui demandait de nettoyer la table à certains endroits. Elle faisait la petite diva alors qu'elle n'a pas de quoi. J'essayais de faire passer la pilule. Dans l'ensemble elle s'est quand-même tenue mais je sais que je n'y retournerai pas. Au moment de l'addition quand le patron m'a présenté son "programme de fidélité" et donné une carte, elle a fait la gueule parce qu'elle était déjà venue dix fois sans qu'on ne lui propose rien. En même temps... Quand on la voit débarquer je comprends pourquoi.

Ensuite, on a dû faire comme elle voulait, où elle voulait. Elle marchait quatre mètres devant moi, rentrait dans les magasins sans me consulter. La plupart du temps je l'attendais dehors parce que j'avais honte. Elle n'est pas polie. Au point de ne jamais dire bonjour.

Quand nous avons pris le tramway elle s'est carrément assise par terre. Je me suis mise à cinq mètres histoire qu'on ne m'assimile pas à elle. Là, elle m'a vraiment tapé sur les nerfs. Je me demandais où avaient été les parents pendant toutes ces années pour que du haut de ses dix-neuf ans elle puisse s'asseoir par terre dans l'endroit le plus sale de Nice.

Nous sommes descendues du tramway peu de temps plus tard et voilà qu'elle rentre dans Sephora sans m'attendre, on se perd immédiatement. Je n'ai même pas vu où elle allait tant il y avait de monde. Je me suis cassée faire mon shopping seule et en paix, dans une galerie sans la prévenir. J'ai fait plusieurs achats, me suis fait payer à boire et à manger par un inconnu dont je ne connaîtrai jamais ni le visage ni le nom. Le bonheur de la solitude. Cette folle m'est sortie par les yeux. 

Une heure et demie plus tard elle m'a rejoint. Et voilà qu'elle décide d'aller se changer dans les toilettes de la Brioche Dorée parce qu'elle devait aller voir son ex dans une demie-heure. J'ai gardé ses affaires et eu honte quand elle est ressortie, avec un sac déjà abîmé acheté 45€ chez les chinois. Un sac de cérémonie des plus cheap qu'elle trouvait magnifique. Soit. Puisqu'elle comptait me lâcher pour son ex je lui ai dit que j'allais partir de mon côté parce que je voulais voir une boutique et avais un train à 18h pile. Elle m'a à peine écouté et a tracé dans une parapharmacie après m'avoir tiré deux euros alors qu'il lui en restait trente. J'ai attendu dehors dix bonnes minutes, l'heure était en train de tourner pour moi. J'ai décidé d'aller voir ce qu'elle foutait et voilà que je la trouve assise par terre dans la file d'attente de la caisse, ses sacs de shopping éventrés. Enfin, en réalité elle jetait délibérément ses vêtements par terre en gueulant "on m'a volé mon portefeuille!", mais ça me paraît irréel. Elle me regardait en proie à de vives inquiétudes et d'un air accusateur parce que j'avais gardé ses affaires quelques minutes plus tôt quand elle se changeait dans la Brioche Dorée. J'ai eu envie de la claquer devant tout le monde. Elle l'a retrouvé tout de suite.

On est sorties de la galerie, elle est rentrée dans la FNAC sans prévenir une fois de plus. Je n'ai pas mis les pieds dedans. Elle s'est retournée et a dû comprendre que j'arrivais à saturation. On s'est fait une bise forcée et elle a en plus eu le culot de dire "Les boutiques c'est mort". Je me suis cassée dans le magasin que je voulais voir, en solo encore. J'ai eu dix minutes devant moi et mon train à l'heure.

En rentrant ce soir-là je me suis dit que c'était la dernière fois. Ça fait trois jours qu'elle tente de me contacter pour qu'on se revoit cette semaine. Elle prend sa voix la plus douce sur mon répondeur. Mais je ne décrocherai pas.