mardi 26 novembre 2013

Quelques kilos de moins et tout va bien

Ces quelques kilos je les avais pris en me laissant vivre tout simplement. Je mangeais matin midi et soir à ma convenance et sans trop me priver. + les restaurants qui étaient très fréquents, les bouteilles de vin, les desserts, les invitations chez les amis, les détours par Haagen Dazs... Je ne mangeais pas comme un porc mais je ne faisais pas ou plus spécialement attention, moi d'ordinaire très contrôlante avec mon corps.


Et puis un jour visite de contrôle chez le gynéco, je me pèse et ma gorge se noue. Non je n'étais pas grosse même à 50 kg, je le sais et je m'excuse d'ores et déjà auprès de celles qui ont de vrais problèmes et qui se battent au quotidien. A côté de vous je ne fais pas le poids (hahahah), je le sais bien. Mais mon poids de forme étant de 47/48kg, monter à 50 ne m'a pas fait plaisir. Je ne suis pas grande, alors deux ou trois kilos ça se voit rapidement. Ça aurait sûrement été différent si je mesurais 1m80; qu'on se le dise.

Je ne prône pas la maigreur et si j'ai voulu perdre un peu c'est uniquement parce que je n'étais pas bien dans ma peau. Des bras un peu plus étoffés, des joues et des cuisses plus rondes. Ça ne me plaisait pas. Et si ça m'avait plu je serais restée ainsi. Je ne suis d'ailleurs pas du genre à qualifier les gens de gros pour 5 ou 10 kg de trop. Si je suis exigeante avec moi, je le suis beaucoup moins avec les autres. J'estime que tout est une question de confiance en soi. Une fille très ronde ou très maigre qui a une personnalité, de la féminité et une joie de vivre: elle est belle. Celle qui se cache derrière des habits pas adaptés et ne prend pas soin d'elle: elle a besoin de changer quelque chose.

Et puis il y a aussi eu un déclic un peu con: un vieux client pervers qui devait sortir avec une pute et qui en regardant un top dans le magasin m'a dit que ça n'ira pas à sa copine parce qu'elle est plus mince que moi. Sur le moment je me suis sentie comme une grosse jarre. Rajoutons à ça le fait que dès que j'avais perdu un petit kilo sans même m'en rendre compte, une personne de ma famille et ma belle-mère se sont empressées de me dire que "olala comme tu as mincis des jambes!", en me félicitant presque alors que je n'avais pas l'impression d'avoir eu des jambes énormes. C'était perturbant. Je m'imaginais soudain comme une fille qui ignorait qu'elle avait été forte alors que mon poids était toujours un peu en-dessous des fameux dix kilos de moins que sa taille. En fait je pense que LES GENS ont été stupides et parlent sans se regarder. Parce que ce ne sont pas des tailles de guêpe qui se sont permis ses quelques réflexions. A contrario, je sais que je ne peux compter ni sur ma mère ni sur ma grand-mère en matière de silhouette. Elles ont toujours été des pulpeuses qui n'aiment pas les "maigres" (ça pour elles, c'est trop maigre).


Et elles considèrent que Beyonce et Kim Kardashian sont minces. Hum. Même si ces dernières sont magnifiques, autant vous dire que ce n'est pas moi que Maman et Mémé risquaient de trouver trop grosse.....


D'abord pour maigrir; et même si je faisais déjà attention, j'ai éliminé et remplacé pas mal d'aliments. Je ne vous apprendrai rien ou pas grand-chose mais j'ai quand-même envie de faire le résumé:

- les biscuits, les sucreries et autres brioches toutes prêtes: C'est primordial de les éliminer. Exit les BN et les Kinder... Mieux vaut faire des gâteaux maison (pas des pâtes toutes prêtes à mettre dans un moule à cake hein) ça ne demande pas beaucoup de temps, ce n'est pas difficile (comme le gâteau au yaourt avec toutes ses variantes aux fruits) et ça fait des petits dej et des goûters sains. Surtout si on fait des gâteaux sans gras et sans trop de sucre ou avec des substituts de sucre comme de la Stevia. J'achète parfois des boudoirs à 20 calories le biscuit je me dis que ça passe encore pour un petit plaisir mais évidemment il faut être assez fort pour ne pas s'envoyer le paquet.

- les desserts au restaurant: Surtout quand tu l'avales autour de 22h. C'est sûr que tu le stockes. Mieux vaut prendre un bon plat consistant et pas de dessert plutôt qu'une salade niçoise et des profiteroles. Enfin ça c'est mon calcul et j'ignore s'il est correct. De temps en temps je m'accorde une salade de fruits ou une boule de sorbet.

- les yaourts caloriques: comme les Danettes et les liégeois. C'est le meilleur moyen de grignoter devant la télé. Je les ai remplacés par des yaourts natures, de la faisselle, du fromage blanc 0% et des compotes sans sucres ajoutés. Comme ça même si je craque, je sais que ça ne provoquera pas de dégâts abusés. Je m'autorise encore parfois un riz au lait du commerce parce que le mien n'est pas bon mais il faut éviter.

- le pain blanc: que j'ai remplacé par du pain complet. Mais je n'en mange pas tous les jours là encore parce que ça reste calorique. Le pain pour saucer son plat, le pain avec du fromage, le pain au goûter avec du chocolat... Et surtout s'il est blanc: ça fait grossir. On en fait un mauvais usage.

- les pâtes blanches remplacées par des pâtes complètes: même combat que pour le pain. Une fois par semaine le midi. Et je les fais avec un peu de beurre allégé et une persillade ou une sauce tomate plutôt qu'avec de la crème et du fromage. J'ai banni les pâtes à la carbonara et toutes les sauces grasses mais c'est un choix personnel. J'imagine que d'en manger de temps en temps ne tue pas complètement la ligne.

- le lait demi-écrémé remplacé par du lait écrémé ou du lait végétal: parce que s'il y a bien un plaisir dont je ne veux pas me priver c'est le verre de lait avec du cacao en poudre (pas du Benco ou du Banania, non - du cacao à 80%), en après-midi ou le soir.

- les céréales type Kellogs: et même celles qui sont faites pour la ligne. C'est du pipeau. J'ai remplacé les Miel Pops et les Special K par des flocons d'avoine (c'est pas un régal mais ça cale l'estomac) ou du muesli aux fruits absolument délicieux. Avec un peu de bonne volonté on peut le faire maison, il y aura toujours moins de sucre, enfin perso j'ai pas la patience.


- les déjeuners au fast food: C'est logique. J'évitais déjà ce genre d'endroit mais je les aimais bien quand-même. J'adore les hamburgers, les nuggets, les potatoes...  Le problème c'est qu'ils ne pardonnent pas. Je les ai complètement bannis et je ne m'en porte que mieux. Si on n'a pas le temps ou les moyens de s'installer au restaurant pendant la pause au travail, c'est mieux d'apporter un repas préparé par nos soins dans une lunchbox plutôt que de se taper un Mc Donalds ou un KFC qui n'apporte rien de bon en plus de ne pas combler l'appétit.

- l'alcool: J'ai du mal à le bannir c'est clair... Si je dois sortir j'essaie de m'en tenir à trois verres de rosé ou de champagne. Pas de cocktails qui sont les pires bombes caloriques. Et encore faut-il ne pas sortir tous les soirs. Dans mon cas ça va, je sors tellement rarement. Ne pas avoir honte de dire non à un repas de famille. On est jamais obligé de picoler. Éliminer aussi les sodas et les jus de fruits du commerce. J'ai investi dans un blender et dans une centrifugeuse pour me faire de bons smoothies et jus (mais je galère ok).

Mes petits plaisirs

- les sushis (même le soir). Deux fois par mois. Désormais j'essaie d'en prendre une douzaine avec une salade d'algues ou une soupe miso plutôt que dix-huit avec une glace. Je sais qu'il y a une polémique autour du saumon. On peut choisir un autre poisson. Il existe des sushis au thon, à l'anguille, au crabe, à la crevette... Une multitude de choix et des végétariens. Il n'y a pas du saumon partout.

- les pruneaux: pas caloriques au goût très sucré, ils font du bien en bouche et facilitent le transit. C'est une bonne alternative aux biscuits. 3 pruneaux font environ 75 calories. 3 petits spéculoos en font 125.

- le pamplemousse: il m'arrive d'en manger un entier le soir. Sans sucre. C'est bon pour la santé, un peu amer donc ça coupe l'appétit. Et le temps que ça prend pour le finir atténue la satiété.

- le chocolat noir: à condition qu'il soit assez pur. 70 ou 80%. Le chocolat pâtissier de Nestlé est très bon. Je m'accorde quelques carrés par-ci par-là et ce n'est pas ça qui me fera prendre cinq kilos. Ça fait du bien au moral et même au corps puisque c'est plein de magnésium. Évidemment il y a chocolat et chocolat. C'est pas des Kinder Bueno qui vont apporter du magnésium, vous vous en doutez. Comme il va de soi qu'il faut être sûr de ne pas s'enfiler la tablette devant "Allo Nabilla" avant de l'acheter...

- les moules à la marinière, les coques, les crevettes: Encore faut-il aimer les produits de la mer, vous allez dire. J'en suis fan et j'en mange assez souvent, sans frites évidemment. Je fais de grosses portions, ça cale et ce n'est pas si calorique. C'est un plaisir de les préparer maison mais c'est aussi une bonne alternative au restaurant de trop, celui auquel on est forcé d'aller.

- les grosses salades composées: je les compose chez Dubernet mais on peut bien sûr les faire à la maison pour un moindre coût. (Je suis juste fainéante). Elles ne sont pas basse calorie, sachant qu'un oeuf dur fait déjà 150 calories, je vous laisse imaginer le résultat avec du thon, du gruyère, de la tomate, du maïs... On dépasse les 300 calories. L'important est de ne pas mettre beaucoup d'huile ni de sel. Manger ça le midi fait énormément de bien. Un bain de vitamines. Et bien composée, la salade cale l'appétit jusqu'au soir. (C'est sûr que si on joue l'anorexique en mettant cinq morceaux de betterave et trois rondelles de carotte, non ça ne calera rien du tout).

Mes astuces
Je ne suis pas nutritionniste et mes conseils ne seront pas des plus intelligents.

- boire du thé et d'autres infusions et tisanes. J'en bois environ 5 tasses par jour. Ça me permet d'éliminer beaucoup plus que d'habitude. Ça casse aussi la fringale.

- boire de la soupe au chou le midi avec une protéine sans matière grasse, des légumes crus ou cuits et un produit laitier. Le soir, seulement une soupe au chou et des tisanes. 

- manger des légumes crus ou cuits tous les jours. Ou des soupes, des gaspachos frais... Et idéalement des fruits aussi ou des jus faits maison. Ça purge et c'est très important pour perdre du poids, je ne vous apprend rien.

- prendre un petit déjeuner consistant avant 10h. Quand je dis consistant ce n'est pas un paquet de Haribo et des éclairs. Par exemple du fromage blanc avec de la banane et un peu de miel, des biscottes complètes au beurre (allégé), un peu de chocolat noir... Des viennoiseries de temps en temps. Ou encore un oeuf au plat avec du pain complet et quelques tranches de bacon. Bref le matin on se casse le ventre de bonne heure pour ne pas grignoter à 11h.

- ne pas manger le soir. C'est pas évident mais ça fonctionne. Mais puisque ce n'est pas recommandé par les diététiciens on va dire qu'il faut manger léger... Des fibres et surtout pas de féculents. À moins d'avoir un marathon à 6h du matin. Personnellement je ne mange plus vraiment le soir, mais si j'en ai très envie je le fait avant 19h. Après 19h je ne bois que des infusions pour éviter de stocker tout ce qui passera dans mon gosier et se retrouvera dans mes cuisses. D'accord, on brûle des calories en dormant mais pas de quoi s'envoyer une religieuse au chocolat non plus.

- cuisiner et éviter au maximum les plats tout faits qui sont bourrés de sucres et de mauvaises graisses. Et qui reviennent chers en plus... C'est bien plus économique et sain d'acheter des "matières premières".

- jeûner les lendemains d'excès. Une soirée très arrosée, une invitation raclette à laquelle on n'a pas pu échapper... Le lendemain, il est fort possible qu'il y ait un kilo de trop voire plus sur la balance et qu'on se sente mal de l'intérieur. Le jeûne est une bonne manière de se débarbouiller. Jus de fruits faits maison, soupes chaudes ou froides, thés, infusions, eau plate... Toute une journée durant. Ce n'est pas si difficile et ça fait énormément de bien.

- boire dès qu'une fringale inappropriée se fait sentir.

- rester lucide. Je suis désormais entre 44 et 45 kg mais même si je devais perdre encore 5 kilos, je sais que je garderais mes fesses... Il ne faut pas s'imaginer que de perdre du poids va modifier la morphologie. En général on perd facilement du ventre et des bras. Sur le bas du corps les graisses sont plus "incrustées" et c'est plus compliqué.

Et le sport dans tout ça?

Je suis une fainéante. Je hais le sport. Et j'ai bien conscience qu'il est obligatoire quand il y a de "gros travaux" sur le corps. Mais puisque ce n'est pas mon cas merci Seigneur; je me contente de marcher le plus possible, faire des longues promenades, prendre les escaliers quand il y en a, faire des étirements et des squats tous les jours. Si je dois passer une journée entière à la maison à ne rien faire eh bien je monte et descends les sept étages deux ou trois fois. Quant à la cellulite, toutes les femmes en ont plus ou moins. J'en n'ai pas beaucoup habituellement et rien qu'en changeant mon alimentation et en faisant des massages avec de la crème hydratante presque chaque jour, j'ai perdu les trois quarts. Je sais qu'il n'y a que le sport qui pourrait tout brûler, mais je peine à m'y mettre.

Bref, mon mode de vie est devenu un peu draconien. C'est un choix mais il ne faut pas oublier que rien ne vaut une bonne bouffe entre amis.

jeudi 21 novembre 2013

Ma région #1

Monaco. Ce coin-là, non loin de mon quartier, me dépayse à chaque fois et me laisse penser que je n'aurais jamais besoin d'aller trop loin pour avoir le souffle coupé.




dimanche 10 novembre 2013

Chronologie d'une semaine de merde (Article long. Très long. Fuyez.)

Lundi 

Le patron m'annonce "Bon, j'ai une mauvaise nouvelle. Je ne peux pas te garder, j'ai tellement de problèmes en ce moment..." La semaine précédente il disait pourtant "Je veux te garder, mieux que ça je peux pas te dire, si tu as des exigences c'est maintenant, moi je veux ton bonheur." (Non mais alo vous m'recevez?) Avec le recul j'aurais dû lui demander 2.000€ net.

Non content de me dégager, il 
essaye de me faire signer en traître une modification de contrat qui aurait fait en sorte que je le dépanne encore deux semaines par ma présence (histoire qu'il se tape pas trop d'heures non plus), puis j'aurais été en vacances les deux dernières semaines de novembre pour faire passer ça en congés payés! Hahaha la blague. Je lui ai fait déchirer le document, d'ici qu'il aille dire que j'ai abandonné le poste et que je ne puisse pas toucher les assedic. Par la même occasion je lui annonce que je compte partir de suite, puisque de toute façon mon CDD est finit depuis quatre jours. Il s'est retrouvé ennuyé parce que 
1) il allait devoir banquer
2) il allait se taper des horaires d'esclave
Donc, il m'a sorti les violons. "J'avais de l'estime pour toi, si j'avais pu te garder je l'aurais fait... Mais entre temps ça a changé. Je ne voulais pas que ça finisse mal. C'est dommage, c'est tellement dommage... Mais je ne peux pas te retenir si tu veux partir." Allez, ta gueule va, je repasse quand chercher mon dû? "En fin de semaine". Ok. Je me casse sur un "ciao", moi qui jusqu'à présent était une employée polie, timide et qui disait rarement non quand il me demandait de rester 5h de plus le samedi ou quand il s'agissait de faire sauter mon jour de repos pour une braderie qui à moi ne me rapporte rien sur les 7.000€ qu'il se met dans les fouilles. La pigeonne de service qui d'un coup te dit de te mettre un doigt dans le cul, j'avoue ça doit faire bizarre. 


Mardi 

Je n'ai pas dormi. Je me suis réveillée à 4h, en fait. J'ai la rancune tenace et je suis sonnée depuis la veille. Sonnée parce que n'empêche, je m'y attendais pas au coup du père Fouettard, même s'il était chelou avec moi ces trois derniers jours. Il ne me calculait pas, ne me regardait pas dans les yeux, ne m'avait même pas demandé de faire des heures supp le samedi! Je pensais qu'il était énervé à cause de la nouvelle qui ne s'était pas pointée au travail et avait fait appeler son mec à midi (au lieu de 10h) pour prévenir de son intoxication alimentaire. (Jusqu'à ce que quelqu'un trouve une photo d'elle en train de faire la fête et déguisée comme une pute, la veille). 


Je pensais que c'était pour ça qu'il avait remis la petite affichette "recherche vendeuse qualifiée" (le mec tient un magasin de frippes made in China et il exige une qualification mdr). Après tout il était assez lunatique, c'est pourquoi j'étais partie en week end tranquille, sans craindre de perdre ma place (de merde mais quand-même) le lundi. Si j'avais su, je ne serais plus revenue du tout au lieu de faire un effort de maquillage et de passer la matinée à faire des inhalations de VapoRub pour guérir vite et rester compétente. (Oui je venais de choper la crève, en plus).

Bref, je me repasse le film en boucle, je cherche le pourquoi du comment. Au fond je sais que cette pute de Sandrine (toujours la même) y est pour quelque chose. C'est évident. Je lui avais même tendu la perche un jour où elle était partie dire à des collègues qu'elle ne voulait pas travailler avec moi. "Vous ne voulez pas travailler avec moi Sandrine? Et bien dégagez-moi." 

Le mardi je vais donc mal. Je reste au lit. Je n'ai pas envie de bouger. Je reste obsédée par le déroulement des choses. La réaction de mes proches? "Mais tu t'en balances de ce job à la con." Bon, alors ça va. Jusqu'à ce qu'une ancienne collègue, dégagée elle aussi dans des conditions mystérieuses ne m'apprenne qu'effectivement, Sandrine a attendu mon jour de repos pour aller dire au boss qu'il y aurait eu des plaintes contre moi, des clientes pas contentes et qui ne veulent plus venir si je suis dans le magasin. J'avoue, il y avait déjà eu des plaintes durant mes trois premiers mois de travail. J'étais trop froide pour cette clientèle de connasses qui ont besoin de tchatcher, mais de là à ce qu'on aille dire que lorsqu'on me demande un renseignement je tourne la tête, NON, c'est faux et je suis catégorique. Jamais je n'ai tourné la tête quand on m'a posé une question. (Même une question de merde.) Bref. Au fond, Sandrine a tout bon. Elle est payée 1.600 boules à ne travailler que quatre jours par semaine. Elle est première vendeuse mais le boss dit "responsable". Elle est là depuis treize ans donc c'est un peu son bras droit. Surtout si elle se sert de sa bouche en même temps que du bras.
;-) 

Mercredi

Je sens que je vais m'empâter et finir par fusionner avec le matelas. Cette inactivité me fait déjà peur. Je passe la soirée au téléphone avec ma meilleure amie qui est à l'autre bout de la France (en fait elle est seulement à Paris) et que je n'ai pas revue depuis plus de deux ans. Elle me raconte ses vacances de rêve à Saint Martin et son escale à New York qui lui a permis de réaliser son rêve le plus fou. J'écoute, je ponctue de "ah ouais?", "c'est génial"... Mais le cœur n'y est pas. Elle aussi est chômeuse depuis peu mais on ne le vit pas de la même manière, apparemment. Elle a profité de son solde de tout compte jusqu'au dernier centime et est allée jusqu'à s'endetter pour vivre de superbes vacances, tandis que moi je suis déjà dans un état de stress et je me demande comment je vais faire pour économiser, pour payer ma part du loyer, pour mes impôts qui vont tomber dans quelques jours, pour rembourser mes parents qui m'ont avancé la somme. J'ai déjà honte d'être inscrite au chômage et en même temps je me doute que ça va être long parce que je ne veux plus faire vendeuse. Il est temps de quitter ce cercle vicieux, de prendre mes couilles en main, de faire une formation pour faire autre chose mais quoi? 10.000 questions tambourinent à la porte de mon esprit pendant qu'elle me raconte combien ses vacances étaient fantastiques, et que d'ailleurs elle s'est mise financièrement dans la merde et ne pourra pas descendre me voir dans le Sud, comme c'était prévu depuis six mois. Non, ça elle ne me le dit pas explicitement. C'est ce que j'en déduis et ça me fait d'ailleurs chier que ce soit à moi d'aborder le sujet. Merde, les gens et leurs plans de merde. Tu comptes sur eux pour rien.

Ce mercredi je suis négative et ma soirée est blasante. Heureusement la femme de ménage est passée et je me sens bien parce que tout est propre. D'ailleurs j'ai peur de devoir sortir les sous à la fin du mois, et je me demande même si je ne devrais pas arrêter ce genre de services. Puis je me rappelle qu'on a qu'une vie, que je ne serai pas à ce point dans la merde et que ce n'est pas si cher. Mais je me désabonne quand-même de la KittyBox à contre-cœur. J'attends de recevoir ma première ThéBox pour en faire de même. Je venais juste de m'abonner, en me disant que c'est bon, avec l'éloge que le boss venait de me faire je pouvais me permettre ça.

Je m'endors triste et énervée. Avec mon mec on a parlé de changer de vie et de tout claquer. On n'en parlait pas autant avant. Mais désormais ça sonne un peu comme une évidence.

Jeudi 

Aujourd'hui, ça va mieux. J'ai toujours l'impression d'être en repos et de devoir reprendre le taff demain. Ça fait bizarre mais ce n'est que mieux si je n'ai pas besoin d'y retourner. Pour la peine je vous pond un article sur les cadeaux en commun. Et j'ai la bonne surprise de récolter des petits cœurs. Merci.

J'ai rendez-vous avec cette collègue qui elle aussi a dû partir un peu bizarrement. Ca me fait plaisir qu'elle ait pris l'initiative, je me sens moins seule. Ce matin elle a retrouvé un travail. On taille notre boss et Sandrine tout l'après-midi en buvant du rosé. Ce n'est pas sérieux pour la ligne mais ça me fait du bien. 

Je m'endors plutôt contente de ma journée, après avoir cuisiné des samossas pour mon mec. Des samossas au four, parce que c'est plus léger.


Vendredi 

Une nouvelle journée à ne rien faire. Mon mec a repris le travail et ça me gonfle. Il a fallu que je sois virée à quatre jours de sa reprise alors qu'il a eu presque un mois de vacances. Fait chier. Je me retrouve seule mais j'essaie de rester positive. Je monte et descends les sept étages pour faire de l'exercice. J'ai peur de grossir maintenant que je ne suis plus debout toute la journée, à piétiner. J'imagine que mon cul a déjà fusionné avec ma cuisse. Ça me fait peur. Mais ce n'est pas le moment de m'inscrire à la salle de sport qui coûte 90€ le mois. Néanmoins je réussis à faire des oeufs pochés et je suis fière de moi. 


Vers 1h du matin je regarde Confessions Intimes parce qu'un "ex" passe dedans. C'est la plus grande honte de ma vie je crois, mais qu'est-ce que je ris.


Samedi 

Je montre l'enregistrement de cet "ex" de merde à mon mec et on rigole comme des fous. Ça me fait plaisir qu'il le prenne avec humour. Sauf que le soir même il m'affiche à son travail en disant que l'imbécile aux sourcils épilés qui est passé hier dans Confessions Intimes n'est autre que mon "ex". (J'ai envie de mettre mille guillemets).

Je marche et je monte les escaliers, j'ai peur de grossir. Déjà que mes cuisses ne sont pas très minces. Je lutte pour ne pas manger de cochonneries. De toute manière il n'y en a pas chez moi. Mais j'ai envie de ça. 


À la place je carbure à ça. Et ça fait déjà du bien. Enfin...


J'ai faim, mais c'est la faim de l'ennui. Je ne dois pas céder.

Vers 14h mon boss m'appelle pour me dire qu'il a reçu mes papiers et que je peux passer. Je lui répond que je passerai lundi. Je suis froide et raccroche sans politesse particulière. Je n'ai pas envie de descendre maintenant même si j'ai juste à prendre l'ascenseur. Pas envie de voir sa gueule et pas encore décidée à lui faire payer les quatorze heures qu'il me doit. Quelqu'un a arraché la page où tout était noté, je ne me souviens plus du détail, il faut que je refasse tout chez moi, et comme je sais qu'il n'en n'a pas tenu compte dans mon solde, il va devoir me les payer au black si je lui montre ma petite feuille. Je ne suis pas décidée à le faire alors qu'il me le doit. Je suis stupide. Mais je ne sais pas comment je vais m'y prendre ni ce que je vais dire avec mon papier en main.

Dimanche 

Journée ennuyante. J'écris cet article à la con, inintéressant pour vous mais qui est comme un exutoire pour moi. Ça me fera un souvenir aussi, quand je ferai enfin ce que je veux faire de ma vie (me demande pas quoi). Je redoute demain. Devoir retourner "en bas". Il faut que je trouve une tenue qui fait bien mais qui ne vient pas du magasin. Malheureusement j'avais presque refait ma garde-robe avec ce travail de merde. Qu'est-ce qui m'a pris de prendre autant de fringues? Il est hors de question que je me pointe avec des habits à ce con. D'ailleurs j'ai même envie de m'habiller sexy. Histoire de lui faire croire que dans la vraie vie j'ai un autre style. Mais j'avoue c'est ridicule. On verra bien demain. En attendant je passe la journée dans le canapé et je ne monte les escaliers qu'une seule fois. Je me rassure en me disant que demain je vais devoir courir, entre les papiers, ma nouvelle voiture en Italie (j'espère), aller chez les beaux-parents le soir et enchaîner sur une journée à Cuneo. Vivement que je change de semaine. En attendant je prépare une pizza pour mon mec, qui lui s'en bat les couilles de prendre du poids ou d'en perdre.


jeudi 7 novembre 2013

Les cadeaux en commun

Je redoute toujours le moment où on me proposera de m'associer avec untel et untelle pour le cadeau de Machin. Parce que je suis bien éduquée et que ça doit bien arranger quelqu'un dans tout ça, j'ose rarement dire non. Mais moi ça ne m'arrange pas. D'abord, parce que j'estime qu'un cadeau doit être personnel et se mettre à dix dessus, ça ne signifie plus grand chose. Ce n'est que mon avis. J'ai toujours préféré choisir avec le plaisir de me casser un peu la tête pour la personne que j'apprécie, plutôt que de balancer un billet à quelqu'un qui devra s'en occuper pour moi, sous prétexte qu'en réunissant de l'argent on peut acheter plus gros et plus cher.

"Et si on se cotisait pour l'anniversaire de Machin? Je vais m'en charger. Vous me donnez ce que vous voulez et après on voit." Quand tu entends ça écoute-moi bien, il faut fuir. D'abord, la personne qui lance l'idée est souvent la plus cruche ou la plus pince. C'est celle que tu verrais bien oublier l'enveloppe avec le fric dans le tramway ou celle qui a l'habitude de se servir de ton pourboire pour se payer une partie de son coca. Donc si toi tu mets 40€ dis-toi bien qu'elle, elle n'en mettra même pas 20. Chacun fait comme il peut d'accord, mais c'est pas juste. Parce que finalement la majorité des participants en profite pour mettre moins que ce qu'ils auraient dépensé. Tu me diras, c'est un peu le but. Oui mais si tout le monde divise son budget par trois au final ça n'avance pas. 

Quand vient l'heure des suggestions de cadeau, ça se corse. Pourquoi? Parce que les gens sont jaloux. Ils ne l'admettront jamais, mais pour eux il est hors de question d'offrir à Machin un truc qu'ils aimeraient avoir aussi. Je ne sais pas si c'est humain, si je suis un extra-terrestre ou si je n'ai fréquenté que des trous du cul, mais j'ai toujours pu le constater. 
Je me souviens d'un cadeau en commun pour l'anniversaire d'une ex copine. Elle était esthéticienne et elle voulait acquérir une lampe à UV. Celle qui s'occupait de récolter les fonds était également esthéticienne et savait bien ce que la fille voulait. On était une dizaine à participer au cadeau, ce que je trouve déjà énorme, personnellement. Elle a de suite décrété qu'une lampe à UV c'était trop cher et qu'on n'y arriverait pas. J'ai proposé une belle paire de talons, elle a dit que bof, les chaussures c'est pas tellement son truc. Excuse-moi mais quand tu es féminine et que tu vas en boîte, si, les beaux talons ça fait toujours plaisir. Quand j'ai proposé un sac original dans son style, elle a dit que ouais bof on aura jamais assez. On était une dizaine. À moins que tout le monde n'ait mis que cinq euros je vois pas comment on n'aurait pas pu atteindre une centaine d'euros... Et avec 100€ tu as déjà un sac un peu correct. Pas une marque d'accord mais déjà de la qualité. Bref, ça puait la jalousie.

Peut-être que dans le fond mes idées étaient merdiques mais en tout cas je reste persuadée qu'il y avait moyen de bien faire. La fille a fini par mettre l'argent dans une carte d'anniversaire, "comme ça elle s'achètera ce qu'elle veut"... Plus impersonnel ça existe? Je veux bien tolérer ça de mes proches, l'argent est une valeur sûre, il n'y a pas de tabou et je ne suis plus en âge de demander une poupée. Mais si mes copines (imaginaires) me faisaient ce coup, je serais gênée.

Avec les cadeaux en commun, tu n'as jamais le mot de la fin et tu ne sais pas vraiment où va ton argent. Comme le jour où mon beau-frère nous a réclamé 90€ pour les trente ans de leur sœur. D'abord je n'étais pas au courant qu'on devait participer parce que mon mec est tellement tête en l'air qu'il avait dû l'oublier lui-même. Ensuite j'avais déjà acheté quelque chose. Et en plus on a jamais eu notre mot à dire à propos du cadeau, on ne savait pas ce que c'était et on nous apprend le soir même qu'il s'agit d'un sautoir. J'ai pensé qu'à 180€ le sautoir, il avait intérêt à être beau. Il s'agissait en fait d'un collier en ficelle avec une Ganesh, qui je l'espère était en argent. Bref, ce genre d'organisation très peu pour moi. Au final je me suis retrouvée à sortir plus de 70€ de ma poche et leur sœur n'a même pas compris que j'avais aussi participé au collier puisque j'avais déjà apporté quelque chose... 

J'avoue avoir déjà été du côté "cadeau en commun foireux" une autre fois. On avait quinze ou seize ans. On s'était cotisé pour une copine qui nous avait annoncé la couleur: elle voulait le parfum Midnight Poison. Bon, c'est vrai qu'elle avait déjà ses petites exigences et que de notre côté, le plus intelligent aurait été de diviser le prix du parfum par le nombre de participants au cadeau. Mais on avait quinze ans hein... On était loin d'être dix cette fois-ci, et compte tenu de notre jeune âge on avait mis ce qu'on pouvait. Et même si j'avais l'impression d'avoir mis beaucoup (en tout cas déjà trop pour elle), on n'avait pas assez pour lui prendre son parfum. On s'était donc misérablement rabattu sur le lait pour le corps du même nom. 

Je me souviens quand elle a ouvert le paquet. Elle y a cru. Elle était vraiment contente avant de s'apercevoir que ce n'était "que" le lait pour le corps. La déception pouvait se lire sur son visage. Elle a balbutié un merci et il y a eu quelques rires gênés. Une autre invitée à côté de nous était une fille de milliardaire. Elle lui avait offert plusieurs choses de chez Swarovski. Nous étions contentes pour notre copine. Mais j'ai trouvé ça méchant qu'elle s'empresse d'aller dire à une amie en commun que notre cadeau était pourri et que lorsqu'on a vu ce que la milliardaire lui avait offert on avait fait les yeux ronds. D'accord, ce n'était pas très intelligent de notre part et on aurait carrément dû prendre autre chose, mais cette méchanceté...

Vous l'aurez compris, les cadeaux en commun, je n'y crois pas. Attention, j'ai très bien conscience d'avoir des connaissances foireuses et je sais qu'il y a moyen de bien faire avec de la bonne volonté. Après tout ce n'est pas difficile de demander à la personne concernée ce qu'elle désire, de diviser le total et de mettre chacun la même somme. Ce n'est pas compliqué à condition de faire les choses avec plaisir. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde, apparemment.

Je pense que rien ne vaut un cadeau personnel, celui qu'on aura pris le temps de chercher et qu'on offre avec le cœur, qu'importe notre budget.