dimanche 25 août 2013

Quand on se reverra

"L'amitié est toujours une douce responsabilité, jamais une opportunité." 
Khalil Gibran

Quand on se reverra, cela fera deux ans et deux mois qu'on ne se sera pas vues, même par webcam, un an et neuf fois qu'elle aura un mec et presque autant qu'elle aura perdu sa virginité. Elle sera sur le point d'emménager et de devenir une bonne ménagère (mais piètre cuisinière?). En tout cas je ne lui souhaite pas d'avoir un service en porcelaine. Référence à son habilité légendaire.

Je me souviens du dernier jour, un 27 août 2011. Elle m'avait dit "On se voit en octobre!", et oui effectivement, on se sera vues en octobre... 2013. Plus de deux ans après donc, mais je préfère arrondir, ça me met moins les nerfs.

Les nerfs de n'avoir pu me déplacer, d'être tombée sur messagerie très souvent, d'avoir passé une si mauvaise période dans l'indifférence générale et de l'avoir vue partir sans m'y attendre. J'ai été prévenue vers le 10, elle est partie vingt jours plus tard. On savait pourtant que ça finirait ainsi, un beau matin dans sa dix-huitième année, on le savait sans y croire réellement. C'était mieux de rêver qu'on habiterait dans un loft avec nos potes. 

Pour comprendre qui elle est il faudrait vous taper tous les albums de Jamiroquai et un peu ceux de Beyonce aussi. Optimiste, battante et très rêveuse, elle est de celles qui veulent devenir des superstar, même si ça la rend un peu honteuse. Elle n'a pas trop les pieds sur Terre mais beaucoup d'objectifs. Je suis son parfait contraire, trop terre-à-terre et sans vrai but. 

Au bout du fil on a toujours l'impression que ça sera comme à la belle époque. Cette belle époque nous l'appellerons "avant". 

Avant il y avait des restaurants, des bouteilles de vin et des additions gonflées. Avant c'était un paquet par jour. Marlboro Light pour elle, Vogue à la menthe pour moi. C'était des tonnes de photos où elle était toujours plus belle que moi avec ma frange pas droite et mon air enfantin. Avant c'était des virées imprévues, des "On fait quoi aujourd'hui? Tu veux aller où?", comme un vieux couple sur qui le temps serait passé sans rien abîmer. Il y avait des rires avant, des crises de rire à en avoir mal au ventre et aussi de longues conversations, un peu trop sérieuses pour nos âges. Avant c'était aussi les autres, ces personnes qui nous entourées, qui étaient si nombreuses qu'on finissait par se sentir seules. Je ne les croyais pas si nombreuses sur le moment, non, ce n'est que maintenant qu'il n'y a plus personne que je m'en rends compte. Avant c'était l'euphorie à la vue d'une balançoire et un toboggan pris à l'envers... Avant nous semble toujours plus facile quand on le regarde d'où on se trouve. 

Je n'ai vécu qu'un ou deux déménagements en deux ans et j'ai appris à faire quelques bons plats même si j'ai encore du mal à faire tenir mes flans. C'est là toute la différence avec avant et d'y penser me fout un peu les boules. Mes amitiés quant à elles, n'ont été remplies que par le vide qu'elle a laissé. Le chemin parcouru n'est définitivement pas le même, c'est certain. Je sais qu'elle retrouvera sa bonne vieille amie de lycée tandis que je découvrirai une personne nouvelle. Libre.

Je ne suis pas sûre de demain, pas persuadée qu'on y sera encore dans vingt ans mais quand la vie nous offre la chance de rattraper le temps perdu et de devenir les spectateurs de notre propre pièce, c'est mieux de ne pas baisser le rideau trop vite. 

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