dimanche 10 novembre 2013

Chronologie d'une semaine de merde (Article long. Très long. Fuyez.)

Lundi 

Le patron m'annonce "Bon, j'ai une mauvaise nouvelle. Je ne peux pas te garder, j'ai tellement de problèmes en ce moment..." La semaine précédente il disait pourtant "Je veux te garder, mieux que ça je peux pas te dire, si tu as des exigences c'est maintenant, moi je veux ton bonheur." (Non mais alo vous m'recevez?) Avec le recul j'aurais dû lui demander 2.000€ net.

Non content de me dégager, il 
essaye de me faire signer en traître une modification de contrat qui aurait fait en sorte que je le dépanne encore deux semaines par ma présence (histoire qu'il se tape pas trop d'heures non plus), puis j'aurais été en vacances les deux dernières semaines de novembre pour faire passer ça en congés payés! Hahaha la blague. Je lui ai fait déchirer le document, d'ici qu'il aille dire que j'ai abandonné le poste et que je ne puisse pas toucher les assedic. Par la même occasion je lui annonce que je compte partir de suite, puisque de toute façon mon CDD est finit depuis quatre jours. Il s'est retrouvé ennuyé parce que 
1) il allait devoir banquer
2) il allait se taper des horaires d'esclave
Donc, il m'a sorti les violons. "J'avais de l'estime pour toi, si j'avais pu te garder je l'aurais fait... Mais entre temps ça a changé. Je ne voulais pas que ça finisse mal. C'est dommage, c'est tellement dommage... Mais je ne peux pas te retenir si tu veux partir." Allez, ta gueule va, je repasse quand chercher mon dû? "En fin de semaine". Ok. Je me casse sur un "ciao", moi qui jusqu'à présent était une employée polie, timide et qui disait rarement non quand il me demandait de rester 5h de plus le samedi ou quand il s'agissait de faire sauter mon jour de repos pour une braderie qui à moi ne me rapporte rien sur les 7.000€ qu'il se met dans les fouilles. La pigeonne de service qui d'un coup te dit de te mettre un doigt dans le cul, j'avoue ça doit faire bizarre. 


Mardi 

Je n'ai pas dormi. Je me suis réveillée à 4h, en fait. J'ai la rancune tenace et je suis sonnée depuis la veille. Sonnée parce que n'empêche, je m'y attendais pas au coup du père Fouettard, même s'il était chelou avec moi ces trois derniers jours. Il ne me calculait pas, ne me regardait pas dans les yeux, ne m'avait même pas demandé de faire des heures supp le samedi! Je pensais qu'il était énervé à cause de la nouvelle qui ne s'était pas pointée au travail et avait fait appeler son mec à midi (au lieu de 10h) pour prévenir de son intoxication alimentaire. (Jusqu'à ce que quelqu'un trouve une photo d'elle en train de faire la fête et déguisée comme une pute, la veille). 


Je pensais que c'était pour ça qu'il avait remis la petite affichette "recherche vendeuse qualifiée" (le mec tient un magasin de frippes made in China et il exige une qualification mdr). Après tout il était assez lunatique, c'est pourquoi j'étais partie en week end tranquille, sans craindre de perdre ma place (de merde mais quand-même) le lundi. Si j'avais su, je ne serais plus revenue du tout au lieu de faire un effort de maquillage et de passer la matinée à faire des inhalations de VapoRub pour guérir vite et rester compétente. (Oui je venais de choper la crève, en plus).

Bref, je me repasse le film en boucle, je cherche le pourquoi du comment. Au fond je sais que cette pute de Sandrine (toujours la même) y est pour quelque chose. C'est évident. Je lui avais même tendu la perche un jour où elle était partie dire à des collègues qu'elle ne voulait pas travailler avec moi. "Vous ne voulez pas travailler avec moi Sandrine? Et bien dégagez-moi." 

Le mardi je vais donc mal. Je reste au lit. Je n'ai pas envie de bouger. Je reste obsédée par le déroulement des choses. La réaction de mes proches? "Mais tu t'en balances de ce job à la con." Bon, alors ça va. Jusqu'à ce qu'une ancienne collègue, dégagée elle aussi dans des conditions mystérieuses ne m'apprenne qu'effectivement, Sandrine a attendu mon jour de repos pour aller dire au boss qu'il y aurait eu des plaintes contre moi, des clientes pas contentes et qui ne veulent plus venir si je suis dans le magasin. J'avoue, il y avait déjà eu des plaintes durant mes trois premiers mois de travail. J'étais trop froide pour cette clientèle de connasses qui ont besoin de tchatcher, mais de là à ce qu'on aille dire que lorsqu'on me demande un renseignement je tourne la tête, NON, c'est faux et je suis catégorique. Jamais je n'ai tourné la tête quand on m'a posé une question. (Même une question de merde.) Bref. Au fond, Sandrine a tout bon. Elle est payée 1.600 boules à ne travailler que quatre jours par semaine. Elle est première vendeuse mais le boss dit "responsable". Elle est là depuis treize ans donc c'est un peu son bras droit. Surtout si elle se sert de sa bouche en même temps que du bras.
;-) 

Mercredi

Je sens que je vais m'empâter et finir par fusionner avec le matelas. Cette inactivité me fait déjà peur. Je passe la soirée au téléphone avec ma meilleure amie qui est à l'autre bout de la France (en fait elle est seulement à Paris) et que je n'ai pas revue depuis plus de deux ans. Elle me raconte ses vacances de rêve à Saint Martin et son escale à New York qui lui a permis de réaliser son rêve le plus fou. J'écoute, je ponctue de "ah ouais?", "c'est génial"... Mais le cœur n'y est pas. Elle aussi est chômeuse depuis peu mais on ne le vit pas de la même manière, apparemment. Elle a profité de son solde de tout compte jusqu'au dernier centime et est allée jusqu'à s'endetter pour vivre de superbes vacances, tandis que moi je suis déjà dans un état de stress et je me demande comment je vais faire pour économiser, pour payer ma part du loyer, pour mes impôts qui vont tomber dans quelques jours, pour rembourser mes parents qui m'ont avancé la somme. J'ai déjà honte d'être inscrite au chômage et en même temps je me doute que ça va être long parce que je ne veux plus faire vendeuse. Il est temps de quitter ce cercle vicieux, de prendre mes couilles en main, de faire une formation pour faire autre chose mais quoi? 10.000 questions tambourinent à la porte de mon esprit pendant qu'elle me raconte combien ses vacances étaient fantastiques, et que d'ailleurs elle s'est mise financièrement dans la merde et ne pourra pas descendre me voir dans le Sud, comme c'était prévu depuis six mois. Non, ça elle ne me le dit pas explicitement. C'est ce que j'en déduis et ça me fait d'ailleurs chier que ce soit à moi d'aborder le sujet. Merde, les gens et leurs plans de merde. Tu comptes sur eux pour rien.

Ce mercredi je suis négative et ma soirée est blasante. Heureusement la femme de ménage est passée et je me sens bien parce que tout est propre. D'ailleurs j'ai peur de devoir sortir les sous à la fin du mois, et je me demande même si je ne devrais pas arrêter ce genre de services. Puis je me rappelle qu'on a qu'une vie, que je ne serai pas à ce point dans la merde et que ce n'est pas si cher. Mais je me désabonne quand-même de la KittyBox à contre-cœur. J'attends de recevoir ma première ThéBox pour en faire de même. Je venais juste de m'abonner, en me disant que c'est bon, avec l'éloge que le boss venait de me faire je pouvais me permettre ça.

Je m'endors triste et énervée. Avec mon mec on a parlé de changer de vie et de tout claquer. On n'en parlait pas autant avant. Mais désormais ça sonne un peu comme une évidence.

Jeudi 

Aujourd'hui, ça va mieux. J'ai toujours l'impression d'être en repos et de devoir reprendre le taff demain. Ça fait bizarre mais ce n'est que mieux si je n'ai pas besoin d'y retourner. Pour la peine je vous pond un article sur les cadeaux en commun. Et j'ai la bonne surprise de récolter des petits cœurs. Merci.

J'ai rendez-vous avec cette collègue qui elle aussi a dû partir un peu bizarrement. Ca me fait plaisir qu'elle ait pris l'initiative, je me sens moins seule. Ce matin elle a retrouvé un travail. On taille notre boss et Sandrine tout l'après-midi en buvant du rosé. Ce n'est pas sérieux pour la ligne mais ça me fait du bien. 

Je m'endors plutôt contente de ma journée, après avoir cuisiné des samossas pour mon mec. Des samossas au four, parce que c'est plus léger.


Vendredi 

Une nouvelle journée à ne rien faire. Mon mec a repris le travail et ça me gonfle. Il a fallu que je sois virée à quatre jours de sa reprise alors qu'il a eu presque un mois de vacances. Fait chier. Je me retrouve seule mais j'essaie de rester positive. Je monte et descends les sept étages pour faire de l'exercice. J'ai peur de grossir maintenant que je ne suis plus debout toute la journée, à piétiner. J'imagine que mon cul a déjà fusionné avec ma cuisse. Ça me fait peur. Mais ce n'est pas le moment de m'inscrire à la salle de sport qui coûte 90€ le mois. Néanmoins je réussis à faire des oeufs pochés et je suis fière de moi. 


Vers 1h du matin je regarde Confessions Intimes parce qu'un "ex" passe dedans. C'est la plus grande honte de ma vie je crois, mais qu'est-ce que je ris.


Samedi 

Je montre l'enregistrement de cet "ex" de merde à mon mec et on rigole comme des fous. Ça me fait plaisir qu'il le prenne avec humour. Sauf que le soir même il m'affiche à son travail en disant que l'imbécile aux sourcils épilés qui est passé hier dans Confessions Intimes n'est autre que mon "ex". (J'ai envie de mettre mille guillemets).

Je marche et je monte les escaliers, j'ai peur de grossir. Déjà que mes cuisses ne sont pas très minces. Je lutte pour ne pas manger de cochonneries. De toute manière il n'y en a pas chez moi. Mais j'ai envie de ça. 


À la place je carbure à ça. Et ça fait déjà du bien. Enfin...


J'ai faim, mais c'est la faim de l'ennui. Je ne dois pas céder.

Vers 14h mon boss m'appelle pour me dire qu'il a reçu mes papiers et que je peux passer. Je lui répond que je passerai lundi. Je suis froide et raccroche sans politesse particulière. Je n'ai pas envie de descendre maintenant même si j'ai juste à prendre l'ascenseur. Pas envie de voir sa gueule et pas encore décidée à lui faire payer les quatorze heures qu'il me doit. Quelqu'un a arraché la page où tout était noté, je ne me souviens plus du détail, il faut que je refasse tout chez moi, et comme je sais qu'il n'en n'a pas tenu compte dans mon solde, il va devoir me les payer au black si je lui montre ma petite feuille. Je ne suis pas décidée à le faire alors qu'il me le doit. Je suis stupide. Mais je ne sais pas comment je vais m'y prendre ni ce que je vais dire avec mon papier en main.

Dimanche 

Journée ennuyante. J'écris cet article à la con, inintéressant pour vous mais qui est comme un exutoire pour moi. Ça me fera un souvenir aussi, quand je ferai enfin ce que je veux faire de ma vie (me demande pas quoi). Je redoute demain. Devoir retourner "en bas". Il faut que je trouve une tenue qui fait bien mais qui ne vient pas du magasin. Malheureusement j'avais presque refait ma garde-robe avec ce travail de merde. Qu'est-ce qui m'a pris de prendre autant de fringues? Il est hors de question que je me pointe avec des habits à ce con. D'ailleurs j'ai même envie de m'habiller sexy. Histoire de lui faire croire que dans la vraie vie j'ai un autre style. Mais j'avoue c'est ridicule. On verra bien demain. En attendant je passe la journée dans le canapé et je ne monte les escaliers qu'une seule fois. Je me rassure en me disant que demain je vais devoir courir, entre les papiers, ma nouvelle voiture en Italie (j'espère), aller chez les beaux-parents le soir et enchaîner sur une journée à Cuneo. Vivement que je change de semaine. En attendant je prépare une pizza pour mon mec, qui lui s'en bat les couilles de prendre du poids ou d'en perdre.


2 commentaires:

  1. J'ai tout lu ;-)
    Les employeurs sont tous les mêmes , ils profitent et nous pressent comme des citrons et puis après il n'y a aucun retour ...
    Tu te débrouilles bien en cuisine dis donc ... tu sais que je n'ai pas encore testé les oeufs pochés !
    Bon courage, tu vas retrouver mieux et plus valorisant pour toi ... tu le mérites aussi

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  2. Merci, c'est en encourageant même si là je suis à l'Ouest total.
    Bonne chance à toi aussi, j'espère que ça va fonctionner.
    Je ne sais pas si je me débrouille bien mais bon j'essaie de lui faire plaisir.

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