lundi 8 décembre 2014

La putain


Ce que je voudrais ne pas avoir à passer ces fêtes. J'aimerais me déchirer la gueule debout sur une chaise et la corde au cou, après avoir bouffé des calmants et de la glace rhum raisins. Je voudrais tomber inconsciente pour ne pas être là quand la mort viendra. Oui, je rêve d'une fin à la Robin Williams, à la Alexander Mc Queen, une fin de merde à mon image, une fin de putain qui n'en était pas une.

Tu es venu vendredi midi gonflé d'orgueil, ton assurance requinquée par des putes qui s'étaient battues pour baiser avec toi. Tu as pris du plaisir à me le dire, à me montrer combien ta vie loin de moi pouvait être excitante. Tu as parlé de la déchéance et quand je t'ai demandé si c'était toujours comme ça la vie, tu as répondu que c'était encore mieux après. Il n'y avait plus devant moi celui qui semblait troublé quarante-cinq jours auparavant. Il avait laissé place à un gamin de douze ans surexcité.

À mesure que ton flot de paroles putrides s'écoulait, dans ma tête lentement tout s'éclaircissait. Je n'étais pour toi qu'une putain gratuite et ça raisonnait si fort en moi que j'ai eu presque aussi mal à la tête qu'au cœur. Je n'étais rien et chacun de tes mots pourris me le répétait. Tant et si bien qu'après les éclaircis est apparu le brouillard. J'en suis venue à ne plus comprendre pourquoi tu avais tenu à me voir si vite dès ton retour, pourquoi tu avais passé des heures à me textoter dans la nuit quelques jours avant, prêt à faire une heure de route jusqu'à ma montagne pour me voir même pas au meilleur de ma forme. Tu avais écrit que je mettais des barrières et que je t'avais manqué. Et pendant qu'à présent tu déversais sur mon être ta saleté pornographique, brisant le peu de confiance en moi que j'avais encore, je ne t'écoutais déjà plus et me suis enfermée dans mon monde.

J'ignore ce que tu attendais de moi ce jour-là. Peut-être une réaction, une crise de jalousie non justifiée. Si c'était ça, alors c'était raté. Tu n'en as tiré qu'une grande indifférence, parce que mon niveau de résignation est proportionnel à la profondeur de ma chatte. Je suis illégitime et tu le sais, je n'ai pas de raison de faire la moindre histoire. J'ai pensé à ta femme que tu salissais tant, et à celles pour qui c'était Noël avant l'heure quand elles t'ont eu comme client. Je me suis demandé combien il fallait d'années pour faire un homme et quand on a baisé j'avais sûrement un goût amer.

Tu es parti moins vite que d'habitude ce jour-là et pour la première fois je ne t'ai pas raccompagné jusqu'en bas. Sur le pas de la porte tu m'as serrée fort dans tes bras, m'a embrassée dans le cou en me disant qu'on ne resterait plus un mois sans se voir. J'aurais aimé te dire d'aller te faire enculer mais j'aime les techniques inverses alors je t'ai chéri comme si tu n'avais jamais été qu'à moi.

Tu vois, je parle souvent de l'instant présent et j'aime crier par-dessus les toits qu'il faut seulement prendre les bons moments. Mais quand il y en a des mauvais, je vais chialer ma race dans mon lit comme tout le monde. 

Je me demande si tu chialais autant il y a cinq ans, quand je faisais le même genre de vie que la tienne sans avoir besoin de prendre l'avion. Un jour tu m'avais dit que mes récits t'avaient blessé. Aujourd'hui rien n'est moins sûr et grâce à toi j'ai pris plusieurs décisions.

Premièrement celle de ne plus te respecter, puisque je ne suis probablement qu'une chienne dont les yeux réclament une promenade. Deuxièmement, celle de ne plus être la chienne de personne. La vie est un échange auquel je suis souvent perdante, car trop gentille. Mais de la gentillesse à la putasserie il n'y a qu'un pas. Je suis horrifiée d'assister à ce triste spectacle de putes et de connards stupides. En te retrouvant, je pensais pouvoir mourir demain tant que tu m'habitais entre les reins. Aujourd'hui je voudrais pleurer tout ce qu'il reste en moi, et puisqu'il n'y aurait rien, alors je pleurerais sans larmes.

Les hommes utilisent, jettent, parfois reviennent mais restent mesquins. C'est pourquoi j'ai décidé de faire banquer les prochains. 

2 commentaires:

  1. Très beau texte :-)
    J'ai ri à "mon niveau de résignation est proportionnel à la profondeur de ma chatte" :-)
    Je te souhaite de trouver de belles personnes mais je perçois à ce que tu dis que tout cela est finalement positif car cela aura déclenché chez toi de nouvelles envies, tu as testé tes limites et peut être désormais que tu voudra aller vers du mieux dans ce domaine ?

    Bises.

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