lundi 4 février 2013

J'ai testé pour vous... Faire du shopping avec un cas social

Ma cousine éloignée est un cas social. J'ai quand-même passé mon enfance avec elle, c'est pourquoi malgré ses frasques je l'aime bien et ne lui souhaite que du bon. Mais jamais je n'aurais toléré quelqu'un comme elle dans mon cercle d'amis, sans vouloir faire la meuf.

Elle est petite et mince, du haut de ses dix-neuf ans on lui en donne quinze maximum, tant mieux pour elle, je pense qu'elle ne vieillira pas trop. Elle avait à l'origine de beaux cheveux très épais, châtains clairs, avec de belles ondulations. Ils sont devenus tout moches à coups de lisseur et de vieilles extensions blondes, quel dommage. Elle a les traits fins et réguliers, des petits yeux foncés et en amande, la peau claire mais qui bronze facilement. Il y a encore quelques années on nous prenait toujours pour des sœurs. Pourtant nos liens familiaux sont quand-même assez éloignés. Je me suis d'ailleurs posé la question si mon père n'avait pas forniqué avec sa mère un soir d'alcoolisme, il y a vingt ans.

Mentalement, ça se complique. La faute à son patrimoine génétique. On ne peut pas lui jeter la pierre. Ce n'est vraiment pas de sa faute. Ses parents sont déjà atteints, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils fassent un prix nobel. Comme eux, elle s'exprime mal, comme eux, elle est ordinaire. Le problème, c'est qu'elle l'est devenu de plus en plus au fil du temps.

Pourtant à l'époque, elle était première de la classe dans son village. Elle était meilleure que moi en cours. Sa mère était fière. Elle avait redoublé une fois quand elle était petite mais d'après sa famille avait plein de facilités à l'école. Au collège aussi. Ce qui m'a toujours semblé bizarre parce qu'elle était dyslexique, je me demande donc comment pouvait-elle décrocher des 10/10 et des "Très Bien" en dictée. Je n'étais bonne qu'en dictée justement, c'est pourquoi je me permettais de douter. Soit.

Le vrai problème, c'est qu'elle a une famille de fous. La mienne non plus n'est pas très normale mais la sienne... C'est vraiment du lourd. Ils pourraient passer dans Confessions Infimes. Il y a du level. Malheureusement pour elle, les parents sont quand-même la base de la construction de l'enfant. Enfin je pense.

Mercredi après-midi, la semaine dernière, nous nous étions donné rendez-vous dans le centre de Nice pour manger des sushis initialement, puis faire un peu de shopping.

On s'est rejoint dans un magasin de cosmétiques, elle était mignonne et bien habillée. Il aurait juste fallu enlever le rose à lèvres électrique et les lentilles bleues que je mettais aussi à quinze ans mais sûrement pas à vingt.

Premier scandale: elle a voulu se maquiller avec les testeurs, une vendeuse lui explique que ce n'est pas hygiénique. Elle répond. Le patron s'en mêle. Elle finit par gueuler "Ben on va aller à Sephora alors!" et elle part. Je la suis, gênée. Elle traverse au milieu de la voie des tramways sans me calculer, pour entrer dans un magasin de chinois. C'est cool les magasins de chinois... pour trouver quelques fringues de merde à 10€. On aime tous y aller mais personne ne l'avoue. Par contre je n'achèterais ni chaussures, ni bijoux ni sacs chez eux. Non merci.

Bref. Elle choisit ses fringues et se met dans une cabine sans tirer le rideau. Elle les jette par-terre au fur et à mesure et quand la vendeuse lui signale au bout de quinze minutes que quand-même ça ne se fait pas, elle se met à crier "Comment je fais y'a pas de tabouret!". Ce qui était vrai. Mais ce qui ne justifie pas le fait de tout jeter par terre et de laisser quelqu'un ramasser. Je voyais la chinoise exaspérée par son attitude. Quant à moi j'ai fait un tour rapide mais rien ne m'a séduit. Elle ne m'a jamais demandé mon avis. Elle est sortie environ une heure plus tard du magasin après avoir fait un show. Elle avait un budget de 100€ et venait d'en claquer 110 rien que dans un magasin de chinois. Je me suis dit qu'elle était juste immature.

Au restaurant de sushis j'ai eu honte aussi. Elle parlait mal au serveur, lui demandait de nettoyer la table à certains endroits. Elle faisait la petite diva alors qu'elle n'a pas de quoi. J'essayais de faire passer la pilule. Dans l'ensemble elle s'est quand-même tenue mais je sais que je n'y retournerai pas. Au moment de l'addition quand le patron m'a présenté son "programme de fidélité" et donné une carte, elle a fait la gueule parce qu'elle était déjà venue dix fois sans qu'on ne lui propose rien. En même temps... Quand on la voit débarquer je comprends pourquoi.

Ensuite, on a dû faire comme elle voulait, où elle voulait. Elle marchait quatre mètres devant moi, rentrait dans les magasins sans me consulter. La plupart du temps je l'attendais dehors parce que j'avais honte. Elle n'est pas polie. Au point de ne jamais dire bonjour.

Quand nous avons pris le tramway elle s'est carrément assise par terre. Je me suis mise à cinq mètres histoire qu'on ne m'assimile pas à elle. Là, elle m'a vraiment tapé sur les nerfs. Je me demandais où avaient été les parents pendant toutes ces années pour que du haut de ses dix-neuf ans elle puisse s'asseoir par terre dans l'endroit le plus sale de Nice.

Nous sommes descendues du tramway peu de temps plus tard et voilà qu'elle rentre dans Sephora sans m'attendre, on se perd immédiatement. Je n'ai même pas vu où elle allait tant il y avait de monde. Je me suis cassée faire mon shopping seule et en paix, dans une galerie sans la prévenir. J'ai fait plusieurs achats, me suis fait payer à boire et à manger par un inconnu dont je ne connaîtrai jamais ni le visage ni le nom. Le bonheur de la solitude. Cette folle m'est sortie par les yeux. 

Une heure et demie plus tard elle m'a rejoint. Et voilà qu'elle décide d'aller se changer dans les toilettes de la Brioche Dorée parce qu'elle devait aller voir son ex dans une demie-heure. J'ai gardé ses affaires et eu honte quand elle est ressortie, avec un sac déjà abîmé acheté 45€ chez les chinois. Un sac de cérémonie des plus cheap qu'elle trouvait magnifique. Soit. Puisqu'elle comptait me lâcher pour son ex je lui ai dit que j'allais partir de mon côté parce que je voulais voir une boutique et avais un train à 18h pile. Elle m'a à peine écouté et a tracé dans une parapharmacie après m'avoir tiré deux euros alors qu'il lui en restait trente. J'ai attendu dehors dix bonnes minutes, l'heure était en train de tourner pour moi. J'ai décidé d'aller voir ce qu'elle foutait et voilà que je la trouve assise par terre dans la file d'attente de la caisse, ses sacs de shopping éventrés. Enfin, en réalité elle jetait délibérément ses vêtements par terre en gueulant "on m'a volé mon portefeuille!", mais ça me paraît irréel. Elle me regardait en proie à de vives inquiétudes et d'un air accusateur parce que j'avais gardé ses affaires quelques minutes plus tôt quand elle se changeait dans la Brioche Dorée. J'ai eu envie de la claquer devant tout le monde. Elle l'a retrouvé tout de suite.

On est sorties de la galerie, elle est rentrée dans la FNAC sans prévenir une fois de plus. Je n'ai pas mis les pieds dedans. Elle s'est retournée et a dû comprendre que j'arrivais à saturation. On s'est fait une bise forcée et elle a en plus eu le culot de dire "Les boutiques c'est mort". Je me suis cassée dans le magasin que je voulais voir, en solo encore. J'ai eu dix minutes devant moi et mon train à l'heure.

En rentrant ce soir-là je me suis dit que c'était la dernière fois. Ça fait trois jours qu'elle tente de me contacter pour qu'on se revoit cette semaine. Elle prend sa voix la plus douce sur mon répondeur. Mais je ne décrocherai pas.

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