mardi 24 septembre 2013

Et puisqu'il faut tirer un trait

Ce dernier jour à Saint Laurent du Var, j'étais plutôt enjouée à l'idée de faire un si long déplacement pour le voir, seulement une heure à sa pause. On devait manger ensemble. C'est lui qui me l'avait proposé. Je m'attendais à ce qu'on aille dans l'un des petits restaus de la galerie. Il n'en fut rien. À la place il me proposait qu'on achète deux sandwiches en face de sa banque et qu'on aille les manger dehors, "au soleil". Du soleil, il y en avait, beaucoup trop même en cette mi-octobre 2010. Il devait faire vingt-cinq degrés, ça n'avait pas l'air de le déranger mais moi j'étais sappée comme pour sortir en boîte et j'avais chaud dans ma petite robe noire ras-la-salle-de-jeux, collants, escarpins. Mon eye liner n'arrêtait pas de couler. J'ai honte quand je repense à ce manque de simplicité. Putain mais pourquoi n'avais-je donc pas enfilé un jean et une paire de compensées ce jour-là? Parce que je voulais lui plaire? Parce que je m'attendais à passer un entretien le jour-même? Crédulité. Au final je devais juste avoir l'air conne. 

C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à manger deux kebabs non sans difficulté sur un banc public, face à la mer et en plein cagnard. J'étais aussi venue pour déposer un CV dans une agence de voyage qu'il m'avait gentiment trouvée. Elle se situait juste à côté de son travail, j'en avais donc conclu qu'il voulait qu'on garde une certaine proximité. Sinon pourquoi recommander un boulot si proche du sien à une fille qu'on compte jeter? Pourtant ce jour-là il n'était pas déconneur comme à son habitude et s'obstinait à garder ses Ray Ban sur le nez. Je me souviens avoir pensé qu'il ne voulait pas que je vois son regard. Nous n'avions rien à nous dire, l'atmosphère avait quelque chose d'un peu dramatique. Je le trouvais plus beau que jamais, fin et élancé mais j'étais si fière à dix-huit ans que j'aurais préféré mourir que de le lui dire. 

J'en étais à ma troisième cigarette quand il m'annonçait d'un ton monocorde et grave comme l'aura qu'il dégageait, qu'il allait partir deux semaines aux îles Baléares avec sa mère. Je me souviens n'y avoir cru qu'à moitié et avoir soupçonnée une autre fille dans ce joyeux bordel. Une mutation, un projet de déménagement et des vacances avec Maman? Ça puait la merde. Il enchaînait: "J'ai regardé un film hier... Un film avec tel acteur. Je l'aime bien lui. Ça parlait d'un mec qui s'amuse avec les femmes et profite d'elles jusqu'au jour où il en rencontre une qui le fait changer... Ça fait réfléchir. J'ai bien aimé." Je n'ai rien trouvé à lui répondre. Pourtant, le principal était lâché. Tu as bien profité de mes orifices, on a bien déconné toi et moi, maintenant tu en as rencontré une autre, une de plus, tu crois qu'elle va faire changer le putassier que tu es?  Voilà ce que j'aurais du lui répondre, à peu de choses près. Mais j'étais jeune et naïve. Je n'ai pas su comprendre. J'ai même cru un instant à un début de déclaration d'amour, les yeux larmoyants sous ses Ray Ban. J'étais conne. 

Mais quand j'y repense, alors qu'on semblait encore complices la semaine précédente, ce jour ensoleillé et brûlant d'automne avait une odeur de fin. Un air de dernière page. Tout était là pour balancer le générique de fin d'un film à l'eau de rose un peu érotique. Il y avait tous les éléments pour que nous jouions la dernière scène. Sauf les kebabs qui auraient fait un peu tâche.

Cela faisait presqu'un an que nous nous fréquentions, sa bite et moi, mais elle allait se lasser plus vite que prévu et faire quand-même style "on mange ensemble mais on n'a rien à se dire" avant de me laisser là sur le trottoir, dans un dernier demi-baiser, histoire de conserver un peu de suspense. Est-ce un adieu ou un au revoir? Allez on s'en fout, tu n'as juste pas les couilles de lui dire "Nos parties de cul sont finies, j'ai trouvé une pigeonne, on va partir en vacances, s'installer ensemble et faire des gosses. Elle est riche, ça m'arrange. J'ai vingt-six ans. Retourne jouer à la marelle petite pute qui vient juste d'avoir son Bac. Mes excuses." Vérité dérangeante, crue et un peu douloureuse. Non, il n'a pas pu me le dire de cette façon. Ni me le dire tout court. C'était plus simple d'éteindre son téléphone après cette triste entrevue et disparaître. D'ailleurs j'ai toujours suivi ce modèle dans mes relations suivantes. Pas de long discours, rien. Je suis magicienne. Je te nique et je disparais. 

Sauf qu'une aventure comme celle-là était pour moi unique. Pas juste parce qu'il avait une grosse bite (si, un peu quand-même) mais parce que pour la première fois j'étais vraiment respectée. Je repartais toujours indemne. Pas d'obligation. Je n'ai jamais su le lui dire, j'étais idiote. Quand il ne répondait plus je le voyais à tous les coins de rue. Je croyais sentir son parfum partout. Il y avait un je ne sais quoi. Je ne mets pas de mots dessus, c'est comme ça. Il y en a eu d'autres mais lui, c'était autre chose. Je savais que je n'étais pas la seule, qu'il s'en tirait d'autres et qu'il les sortait aux mêmes endroits que moi. On me l'a dit, répété. Ça faisait mal mais parfois je faisais pareil. Avec Rudy, quand j'étais sans repères. Je ne l'aimais pas Rudy, c'était différent, c'était mon "boss", un délire qui a causé ma perte. Je ne suis jamais tombée plus bas mais j'ai juste eu besoin de couper le téléphone pour mettre fin au naufrage. 

Mais "lui", d'avoir effacé son numéro et formaté ma mémoire n'y a rien fait. D'ailleurs je ne réalise pas que quatre ans sont passés. Je regrette de ne pas avoir voulu perdre ma dignité. C'était mort d'avance, j'aurais du oser. On s'est revus par la suite, un jour avant mon départ, c'était une soirée porno mais je ne vous la raconterai pas, je ne suis pas folle. Sans importance, sans intérêt, la fin avait déjà eu lieu. Nos tentatives d'explications sont restées vaines, naturellement, puisqu'elles n'avaient pas lieu d'être. Je me suis heurtée à un mur. Je voulais croire au peu qu'il disait, en sachant qu'il était en train de me glisser des disquettes. Cette dernière soirée n'était qu'une parenthèse secrète et grotesque. 

Le lendemain dans le train je savais que cette fois-ci était la dernière. Je savais que je continuerai d'y penser quand dans quelques jours je serai au bout du monde mais c'était cuit. J'en avais bien conscience et je pleurais en repensant au soir d'été où nous avions baisé derrière une chapelle. À cause de ça je crains bien que les portes du paradis ne me soient jamais ouvertes. Mea culpa. Je pleurais comme je n'ai jamais pleuré pour personne, ni avant ni après lui.

De tout facon il n'y a pas eu d'après. Il incarne ma dernière passion. On ne m'y prendra plus. Je lui dédie donc ces derniers mots. Et beaucoup d'amour aussi. Il en sera ravi ouais, autant dire "J'ai le sida qui en veut?". Qu'importe. Et puisqu'il faut tirer un trait. 

mercredi 18 septembre 2013

La cigarette électronique

Il fallait que je vous le dise. Vous qui fumez la cigarette électronique, vous m'énervez. Je sais, j'ai des phobies bizarres (les vers...) et l'agacement facile mais vous avez l'air con, presque autant qu'à l'époque de l'oreillette Bluetooth. 


Petit récapitulatif des fumeurs de vapeur qui m'énervent au quotidien.

- Le mec de la bijouterie: Il est moche, il ressemble à Quasimodo mais se croit trop beau gosse. Il parle fort au téléphone, ne dit bonjour à personne, se la joue bobo-chic jamais réveillé mais toujours bien habillé. Il croit qu'il taff chez Repossi mais redescend sur Terre man, tu fais pitié. Cet été il s'est mis à la cigarette électronique, ça n'a duré qu'un mois mais je crois que c'est lui qui m'a dégoûtée du concept. C'était si snob. Il fumait sa vapeur en parlant fort, j'avais envie de le claquer. En plus il avait le petit kit "cordon autour du cou"... Je préférais encore sa Marlboro rouge. Au moins ça faisait un peu viril. 

- Ma belle-mère: Dans le fond elle essaie juste de rester djeun's et à la page, à cinquante-trois piges. Du coup c'est suffisant pour m'énerver. Comme quand elle porte le perfecto rose et le T-shirt "Fuck me I'm famous". 


- Mon beau-père: Entraîné par sa femme, of course. Non mais quand tu tournes à trois paquets par jour depuis trente-cinq ans n'essaie pas de me la faire à l'envers s'il te plaît. Allez, va fumer ta gauloise sans filtre va. 

- Ma belle-sœur: Qui veut juste imiter maman. À trente ans, oui... Et qui te gratte en mode gué-dro qui n'a pas sa dose, dès que sa daronne a le dos tourné. Pathétique? Comment ça?

- Le mari de ma belle-sœur: Du moins ce qui lui sert de mari hihihi. Lui on ne le compte pas, c'est juste pour sucer les beaux-parents. Suceur professionnel vous dîtes? Oui, c'est son métier.

- Mon beau-frère: Le mec anti-moutons par excellence, j'étais choquée de le voir dégainer son attirail à vapeur à table. Il doit avoisiner les 110kg et peut s'enfiler plusieurs bouteilles sans cas de conscience particulier mais par contre il fume la cigarette électronique d'accord? Je me demande s'il prend un Coca zéro quand il commande un menu Maxi Best Of et des nuggets par 20. 

- Mon mec: En fait c'est sa mère qui lui en a offert une. (Décidément elle doit avoir des actions). Il faut vraiment être fou pour offrir une cigarette électronique à mon mec. Parce que de toute façon il ne fume que des pétards et parce qu'il a deux mains et deux pieds gauches en plus d'être tête en l'air. Tu peux être sûr qu'après avoir tiré deux lattes il va trouver le moyen de la casser en deux ou de l'oublier quelque part. Loin de préférence. Mon mec est un Pierre Richard des temps modernes. Du style à se couper le pied au couteau en mangeant une pizza devant la télé. Il vient d'ailleurs de m'annoncer que "la clope électronique je crois qu'elle fuit là". Bah voyons. 

Enfin bref je vous donne rendez-vous dans six mois les gars, pour voir où vous en serez. Même si à mon avis cette cagade est destinée à filer un cancer plus vite que la clope. Rentabilité oblige. Arrêtez un peu de gober tout ce qu'on vous raconte, vous faites chier. Allez, je vous souhaite bon courage et de supporter vos pairs quelques années encore. Moi perso je vais avoir du mal.

lundi 9 septembre 2013

Être vendeuse (méchancetés inside)

Si vous ne le savez pas encore, avant je travaillais pour une marque de luxe. Enfin comme vendeuse hein. Vendeuse payée au smic monégasque ou un poil plus et avec de bonnes primes d'été et de Noël mais pas de quoi se taper le cul par terre non plus. Enfin, avant, malgré mes 45h par semaine je gagnais bien ma vie. Mais ça c'était avant. Parce que j'en ai eu marre de cette ambiance, de ces chiffres inateignables pour avoir quoi? 180€ net de plus sur la fiche de paie? Alors que le sac même basique atteint déjà les 1500 boules. De qui se foutent-ils? Dans un état d'esprit pas très adulte j'ai fait ma belle et j'ai jeté l'éponge, au bout d'un an. Nique sa mère le luxe et les CDI. Je me casse. Je pars visiter le monde arabe. Ouais c'est ça. Bouffer des pommes de terre devant ma télé plutôt. Sans le chômage, comme le veut la démission d'un CDI. Enfin bref. Non mais je vous avoue que ce fut quand-même un putain de soulagement de quitter ce travail qui était devenu si pesant.

Sauf qu'au bout de deux mois et demi à me gratter la ch*tte jusqu'au sang avec le compte en banque qui se vide dangereusement (oui parce que continuer de payer un loyer et faire ses courses sans revenus, ça a un coût quand-même et même si ton mec gagne bien sa vie, t'inquiètes qu'il te laisse crever la bouche ouverte), j'ai du aller chercher du travail. Enfin chercher... Prendre le premier truc qui passe pour renflouer les caisses. Je vais pas vous mentir, j'ai pas vraiment galéré, mon patron actuel m'a embauchée comme ça, sans entretien, sans prise de tête. Je me suis présentée avec mon CV "luxe", le lendemain il me donnait rdv le 2 avril pour mon premier jour. On n'a même pas parlé salaire, grave erreur. Mais ça c'est une autre histoire.

Bref, maintenant ça fait six mois. Six mois que je travaille dans un magasin de frippes made in China. C'est de la merde mais c'est pas grave, je continue de penser que c'est "pour dépanner". Inch'Hallah. (Non mais je compte vraiment me mettre à chercher). 

Et comme le métier de vendeuse dans un magasin pas cher offre son lot de réjouissances quotidiennes, j'avais envie de vous les faire partager. 

Commençons par un petit résumé de la clientèle: 

-La cliente locale: Petite, vieille, moyenne d'âge 55 ans. Pas un rond. Ça joue les grandes dames mais ça n'y connait rien. Gare à toi si un matin tu n'es pas en forme parce que tu t'es disputée avec ton gars ou parce que tu as la courante depuis le veille: la cliente locale ira dire aux plus anciennes du magasin que tu es froide, pas sympathique voire prétentieuse. Bref, elle essaiera de te faire perdre ton travail parce qu'elle a la langue bien pendue et surtout rien à foutre de sa vie. Un conseil: Suce-la. Un petit peu même si c'est difficile. Parle de la météo de demain ou du vent de la nuit dernière. Ça fait chier mais c'est suffisant pour qu'il n'y ait pas de répercussions importantes sur ton sort (déjà malheureux). Tu l'insulteras de pute quand tu ne travailleras plus là.

•LES TOURISTES: 

-Le français (en vacances): Tu le reconnais à son bermuda et à sa paire de claquettes début avril. Il est moche, n'a pas de style et va essayer de te faire croire qu'il va acheter quelque chose mais que dalle. Il a ramené sa femme qui a les jambes blanches et son ado boutonneux à pantacourt rayé. Le français en vacances te prend pour l'office du tourisme, son plan dans une main et sa granita dans l'autre il va te poser tout un tas de questions plus ou moins débiles sur les alentours. Un conseil: Ben sois débile toi aussi. Fais la vendeuse complètement teubée qui n'habite pas ici. 

-L'italienne: Bien foutue et élégante tu penses pouvoir l'habiller easy. En plus elle fait la fille qui va acheter tout le magasin avec ses trente-cinq bagues aux doigts et son faux Vuitton trouvé à Vintimille. Tu te vois déjà exploser le chiffre et recevoir les félicitations du patron. Oublie. Les français ont trouvé de sérieux concurrents en Italie. La faute à la crise peut-être? On s'en branle. Tout au mieux elle repartira avec une pochette en PVC. 

-La scandinave: Elle se pointe dans le magasin avec toute sa famille d'albinos et va y rester 2h30, debout devant la glace, en plein dilemme entre le top blanc, le ivoire ou le écru. Tu te demandes d'où son mari puise cette patience et de quoi peuvent-ils bien polémiquer pendant si longtemps dans leur langue étrange. Tout ça pour claquer 15€ à la fin. Des aliens.

-La russe: Elle rentre sans dire bonjour et ressort sans dire au revoir. (Enfin, quelques fois si elle est bien éduquée tu as droit à un discret "bonddjour".) Si le T-shirt coûte moins de 300 boules elle sortira aussi vite qu'elle est rentrée mais si elle n'a pas de tunes attends-toi à ce qu'elle te retourne le magasin avec ses copines. La russe est celle qui te remplit la cabine de vêtements en boule ou remis à l'envers sur le cintre. Et même quand elle essaie de t'aider elle fait de la merde. Les jeunes finiront parfois en string, défilant au milieu du magasin, tandis que les vieilles te demanderont la composition de la robe à 20€ dans un anglais approximatif "Kotone? Kotone?!", toujours sans dire merci ni merde. Mais c'est plutôt merde je crois. Un conseil: Si tu parles russe elle va soudain se mettre à sourire et à t'adorer, si tu as de la chance elle te ramènera un magnet de Moscou mais gare à toi. Tu vas devenir sa Cristina Cordula personnelle (sans la rémunération) et regretter toute ta vie d'avoir voulu être sympa avec une casse-couilles compliquée comme ça.

-L'asiatique: C'est la petite moche qui crie "Discount?!" si par malheur elle remarque une strie en trop sous la semelle de la chaussure. Je crois que même s'ils parlaient français on ne se comprendrait pas avec ces gens là. Un conseil: Répond-lui non.

-L'arabe: On parle bien de celui des émirats qui est blindé hein, mettons-nous d'accord, pas de Rim-K du neuftrois reprez. Bref. L'arabe riche rentre dans le magasin avec sa femme ou sa fille ou sa maîtresse ou sa mère et décide de se faire son porte-parole. Enfin parole... C'est un bien grand mot. Plutôt porte-interjections, sifflements et claquements de doigts. J'abuse mais on n'est pas très loin de la réalité. L'arabe s'attend à ce que tu lui déroules le tapis rouge parce qu'il a des mocassins en autruche et sa femme un voile à 1000€ rose fuschia mais quand il voit qu'au fond t'en as rien à foutre et qu'ici on n'est pas chez Chanel, alors il n'hésite pas à t'interpeler comme un iench pour te montrer un truc en vitrine ou pour que tu daignes bien vouloir enfiler la chaussure au pied de sa belle (et te casser le cul à sortir 25 autres boites parce que la pointure, la couleur ou la forme ne va pas). Attention, si tu es occupée avec un autre client il ne se gênera pas pour s'interposer entre vous deux et vous couper la parole. Un conseil: Envoie-le chier. Quand y'a pas le patron.

Après cette petite mise en bouche riche en saveurs, enchaînons donc sur les comportements agaçants de la clientèle. 

-Les gosses: Et plus particulièrement ceux qui courent, touchent et crient sans raison. T'as envie de les mettre sous Ritaline tellement c'est pas possible de supporter ces mongoles. Et leur mère: "Matéooooooo! Viens ici! Allez, non, touche pas ça! C'est la mad'moizelle qui va te mettre dehors si t'y es pas gentil, qu'est-ce que tu croyyyes?!" C'est ça ouais, c'est à moi de faire son éducation... C'est hallucinant les fautes de français que font ces idiotes. Elles devraient pas avoir le droit de faire des enfants. Bonne chance à eux d'ailleurs.

-Les gens qui veulent remettre les articles à leur place, pensant bien faire mais qui te rendent la tâche encore plus difficile. La tunique à l'envers sur le cintre, la chaussure dans la mauvaise boîte, le cintre à pinces sur le débardeur... Au secours. Laissez tout dans la cabine, y'a pas de problème. 

-Les gens qui touchent un article un quart de seconde pour le voir de plus près et se débrouillent quand-même pour le reposer au mauvais endroit ou avec la tête du cintre dans l'autre sens. 

-Ceux qui arrivent à cinq minutes de la fermeture. Ils pensent certainement qu'on a un sac de couchage et un bidet dans l'arrière boutique, pas de famille, pas de repas à préparer et surtout pas mal aux jambes. Va savoir?  

-Les vieilles qui perdent la boule. Alors d'accord c'est pas de leur faute et ça fait de la peine mais au bout de la cinquième fois que tu viens me demander s'il n'y a pas une montre de côté à ton nom, j'ai envie de te répondre que tu fais baisser ma productivité d'au moins 100% et que je vais pas tarder à t'envoyer chez le bijoutier d'en face. 

-Les gens qui te font tout répéter. Et plusieurs fois. Tu as soudain l'impression de te taper un vieil accent québécois que tu ignorais jusque-là. 
"25€ madame.
- Combiennn?
- 25.
- Commennnt?" 
- Lis le prix sur l'étiquette connasse." 

-Les gens qui te demandent ton avis jusqu'à te harceler mais qui au final ne le suive pas. Ça m'est arrivé avec une bonne femme qui hésitait terriblement entre une paire de boucles d'oreilles plumes ou des créoles (10€ hein... Dilemme de Ouf). Elle voulait absolument que je me prononce, arguments à la clé. Je lui ai donc expliqué pourquoi les plumes lui allaient mieux, etc etc. Elle a finalement pris les créoles, en me disant "Vous préfériez les plumes?" (Non non je faisais semblant), ce à quoi j'ai répondu "Oui mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas." Ben figurez-vous que non contente de m'avoir cassé les couilles avec ses boucles d'oreilles, elle est aussi partie dire à une collègue que je n'étais pas sympathique et qu'elle ne mettrait plus les pieds ici. Effectivement je ne l'ai plus jamais revue. Grand bien me fasse.

Passons à ces questions agaçantes souvent posées. Elles donnent des pulsions meurtrières.

-"Je peux jeter un coup d'œil?" Oui, même les deux madame... Ce qui est malgré tout assez drôle dans cette question de merde, c'est que la française qui te la pose (oui n'imagine pas qu'une russe t'adresse la parole dans un souci de politesse) est souvent plantée à l'entrée du magasin, le doigt pointé vers l'intérieur, l'œil grand ouvert et l'air interdit, comme si elle s'attendait vraiment à ce que tu lui annonces que non, ici on ne peut pas regarder, il y a obligation d'achat et plus vite que ça svp.

- "Ça signifie quoi taille unique?" Je sais pas, va demander aux chinois. Et t'façons t'es trop grosse pour rentrer dedans. 

- "C'est quoi la matière de ce top? Ah, viscose? Polyester? Non non, olala, non merci!" Pour 10€ tu t'attendais à quoi? Du cachemire? Si tu veux du coton vas mettre trois fois le prix, idiote. 

-"Le portant de vêtements qui est dehors, c'est à vous?" Non, au pharmacien en face. 

-"Vous prenez l'American Express?" Vas-y, crâne.

Voilà. Pour vous résumer de quoi sont faites mes journées de travail. L'éclate totale. Enfin, je vous rassure, il y a aussi des gens sympas, drôles... Euh non. Je déconne. Le client est roi et il le sait. Gare à vous si je rentre dans votre magasin un de ces quatre. Il se pourrait bien que je balance des piles de pantalons par-terre pour déverser ce flot de haine hahaha... Décidément, ce travail me rend un tantinet aigrie. Souhaitez-moi bonne chance et surtout d'épouser un milliardaire parce que je pourrais pas continuer comme ça très longtemps, si vous voulez mon avis.