vendredi 10 mai 2013

Comment j'ai fait une crise de nerfs (cas social inside)

J'ai eu mon chèque de paye lundi. Lundi 6 mai. J'ai commencé le 2 avril. Oui ça sent déjà l'enculade, je suis d'accord avec vous. Mais lorsque j'ai jeté un coup d'oeil discret au montant, ça valait l'attente, je me suis sentie vainqueur, j'aurais pu siffler "We are the champions my friend" en faisant un gros câlin à mon boss. 

Sauf que la fiche de paie n'était pas à mon nom. Du coup j'en ai déduit que le chèque non plus. Ça a commencé à sentir mauvais à ce moment là. J'ai tout rendu à mon boss, il a dit "ah merde" et m'a tendu mon chèque. Le mien. Le vrai. Le Saint Graal après trois mois sans salaire. Celui sur lequel j'ai vu 400€ de moins par rapport au premier. Bref, je sais combien gagne Sandrine, environ ce que je gagnais avant, en été, sans expérience alors qu'elle en a dix; et là j'ai failli pleurer. J'avoue carrément, j'ai regretté d'être partie de mon ancien taff. Mes heures supp ont été payées "en habits". Absolument, elles sont passées à la trappe parce que j'ai pris des habits, un peu trop, notés sur un petit carnet. Ça m'apprendra à être crédule (ou conne). 

Je suis rentrée blasée, mon mec a fait le calcul, je ne m'étais pas faite avoir si on considère que mes heures supp sont payées "en habits". Mais si on fait le calcul inverse on peut dire que je me la suis bien prise au c*, ça oui. Bref. Il a décroché le chèque de la fiche de paie, je l'ai déposé sur la table. Plus tard il est arrivé la bouche en cœur "Tiens ne laisses pas trainer ton chèque, je le mets dans ton sac". Ok. Why not. On est le 6. J'irai le faire encaisser le 9. 

Le lendemain je pars au travail la fleur au fusil, en me disant que finalement ça va, pour avoir la paix et travailler sans stress ça peut le faire de se taper un salaire même pas smicard monégasque. (Limite pas français non plus, en fait). 

Hier matin nous étions enfin le 9, je devais aller acheter ma future cuisine, et au passage faire encaisser mon chèque. Je regarde dans mon sac: pas de chèque. J'appelle mon mec qui très sûr de lui me dit "Je l'ai mis dans CETTE poche!" C'est-à-dire la seule des trois qui n'est pas zippée. Génial. Ça commence à sentir la daube mais je ne perds pas espoir. Je sais toujours où sont rangés mes papiers, je ne perds rien et ne suis pas trop tête en l'air. Mais je m'énerve. Parce que 1) je dois partir dans moins d'une heure et je suis toujours démaquillée avec la serviette sur la tête. 2) si je ne le retrouve pas tout de suite je ne pourrais pas le faire encaisser aujourd'hui. 3) pourquoi mon mec ne pouvait-il pas toucher à son cul plutôt que de mettre ce chèque dans cette poche à la con? Je l'avais mis sur la table non loin de mes papiers, de quoi tu te mêles connard? Bref. C'est lui qui a dégusté. J'ai pleuré. Il a dit qu'on allait le retrouver. Je devais me préparer. Et il a fallu partir. 

J'ai fait la gueule dans la voiture pendant tout le trajet, pour que lorsqu'on arrive devant Lapeyre on constate que c'était fermé. Cuisinella aussi. Demi-tour. Les beaux-parents ont voulu nous accueillir pour manger chez eux le midi. Et puis le soir aussi. Et moi je ne pensais qu'à une chose: ce putain de chèque que je n'allais pas pouvoir encaisser aujourd'hui.

On est rentrés après 21h, mon mec passe un coup de fil à son pote au lieu de se bouger. Je commence à sentir l'hystérie monter en moi. 

Il se décide enfin à m'aider à chercher, sauf qu'on s'engueule en même temps parce que "je parle mal". Au bout d'un moment il s'enferme dans la chambre en claquant la porte, je vois la plinthe fraîchement réparée avant l'état des lieux qui se craquèle. C'est la seule chose que ce branleur a refait pendant ses vacances. Alors je sors de mes gonds, je l'arrache, elle se casse en trois morceaux, je les jette dans la porte, je hurle, je mets des coups de pied en lui disant que "sa mère la pute", j'attrape un morceau de plinthe et attends qu'il sorte de la chambre pour lui avoiner la gueule. S'ensuit une négociation "tu poses cette plinthe, je sors". Je finis par me calmer vite fait, il sort de la pièce, fouille des dossiers à la recherche du chèque perdu pendant que je passe l'aspirateur en pestant. Et comme je peste trop il fait le truc de trop: sauter de toutes ces forces sur le bouton de l'aspirateur pour l'éteindre. Il n'aurait jamais dû faire ça. Je me mets à le frapper avec l'aspi, de toute ma rage, sur le dos et les côtes. Il crie, la tête de l'aspirateur se décroche, je vois des morceaux voler à travers la pièce. Il menace d'appeler la police. Je lui dis que je balancerai tous ces plans weed. Du coup il n'appelle personne. 

J'ai fini au lit plus tôt que prévu, avec le mal de crâne. Je n'ai pas retrouvé ce chèque. Il s'est certainement égaré au rayon Bio de Carrefour, à la caisse du fast food asiatique, ou encore à la visite médicale. C'est sûr, une poche même pas zippée... J'en ai cauchemardé la nuit. J'ai dû le dire à mon boss aujourd'hui, après avoir acheté un nouvel aspirateur. Il a dit qu'on allait faire opposition, une lettre, en gros tout un tas de complications qui font chier. Il est resté zen, pépère, mais je sais que je suis d'ores et déjà catégorisée comme "tête en l'air qui ne fait pas attention à ses affaires" et "connasse qui perd son premier chèque". Exit le salaire de Sandrine, je ne serai jamais responsable de rien du tout. 

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